Ce n’est pas un scoop, l’activité physique est bénéfique pour tous et pour tout. On nous rabâche toute la journée (même entre deux spots publicitaires pour de la pâte à tartiner) qu’il faut bouger pour être en bonne santé ! La liste des bienfaits de l’activité physique sur la santé est effectivement impressionnante et relayée largement par nos médias : pour s’en convaincre, petite expérience : faites un petit tour sur le web en tapotant sur votre moteur de recherche préféré (comme le font nos patients) les expressions « physical exercise benefits » et « activité physique bénéfices ». On dresse facilement une longue liste des bénéfices de l’activité physique sur la santé au regard des liens de la première page de résultats pour ces deux expressions.

En voici un aperçu succinct (même si les liens trouvés sont peu référencés, de bons niveaux de preuves existent généralement pour les affirmations suivantes) :

– Réduction du risque d’affections cardiovasculaires
– Amélioration de la fonction cardiorespiratoire
– Stabilisation du poids corporel
– Réduction du risque d’avoir certains cancers
– Amélioration de la santé mentale et de l’humeur
– Renforcement des os (lutte contre l’ostéoporose) et des muscles
– Prévention des chutes chez la personne âgée
– Augmentation de l’espérance de vie
– Amélioration de la qualité du sommeil
– Amélioration de la mémoire
– Amélioration de la libido
– Prévention du risque de diabète de type 2
– Amélioration de la fonction cognitive chez l’adulte
– Réduction des couts des dépenses de santé
– Aide à la gestion du stress
– Amélioration de la vitesse de récupération suite à une hospitalisation
– Diminution de la probabilité d’avoir une dépression
– Renforcement de la socialisation
– Amélioration de la fonction immunitaire
– Amélioration de la coordination, des temps de réaction, etc.
– Amélioration de la confiance en soi et de l’estime de soi
– (…)
– Je n’en peux plus mes doigts me font … mal ! Grosso modo : l’activité physique améliore tout ce qui est humainement humain !

Et pourtant … il ne vous saute rien aux yeux ?

Aucun des liens proposés ne formule explicitement que l’activité physique diminue la douleur. Eh bien oui, Mesdames et Messieurs, on vous vend de l’activité physique qui vous sculpte, vous donne de belles fesses, vous fait maigrir ou au moins vous y aide, vous évite la dépression, vous rend intelligent, etc… mais à aucun moment on ne mentionne explicitement l’activité physique en tant qu’antalgique ! Non, pour vos douleurs, c’est bien connu, il y a … euh… les médicaments bien sûr !

What else ?

Pas étonnant au final que nos patients tiennent des propos « méfiants » vis-à-vis de l’activité physique : poids des habitudes et des croyances concernant la supériorité des traitements passifs, kinésiophobie (Fear-Avoidance Model), etc… conduisent très souvent à un manque de motivation et d’implication dans les exercices prescrits et à une sorte de « défiance » envers le praticien : « Non, mais vous pensez vraiment qu’avec des exercices aussi simples je ne vais plus avoir mal ? » ou « J’attends de ne plus avoir mal pour faire les exercices et me remettre au sport ! », etc, etc, etc. (soupir)

Il est dommageable que nos médias et que des thérapeutes trop profondément ancrés dans un champ d’intervention uniquement passif ne relayent pas des informations plus « racoleuses* » concernant les bénéfices de l’exercice physique sur la douleur. Mais évidemment me direz-vous, si et seulement si de tels bénéfices existent bel et bien ! Car finalement, existe-t-il vraiment des preuves qui nous permettraient de dire à nos patients qu’un peu d’exercice a le même effet qu’un antalgique ? A première vue, cette question peut paraitre absurde tant l’exercice physique est bénéfique pour la santé ; on pourrait même se demander si cela n’a pas déjà été démontré… Eh bien nous allons bientôt voir que tout n’est pas aussi simple…

A suivre sur Actukiné…

* Un exemple racoleur : pour contrôler les états dépressifs, certains articles mentionnent que l’activité physique est aussi efficace que les antidépresseurs (1,2) ; il est dommage que ce genre de papier ne trouve pas bonne presse dans nos médias en place du dernier gadget miraculeux à la mode pour traiter la dépression.

Références

(1) Blumenthal JA, Babyak MA, Doraiswamy PM, Watkins L, Hoffman BM, Barbour KA, Herman S, Craighead WE, Brosse AL, Waugh R, Hinderliter A, Sherwood A. Exercise and pharmacotherapy in the treatment of major depressive disorder. Psychosom Med. 2007 Sep-Oct;69(7):587-96. Epub 2007 Sep 10.
En accès libre ici

(2) Hoffman BM, Babyak MA, Craighead WE, Sherwood A, Doraiswamy PM, Coons MJ, Blumenthal JA. Exercise and pharmacotherapy in patients with major depression: one-year follow-up of the SMILE study. Psychosom Med. 2011 Feb-Mar;73(2):127-33. doi: 10.1097/PSY.0b013e31820433a5. Epub 2010 Dec 10.
En accès libre ici