Il faut rendre à César ce qui est à César. Voici une recommandation chinoise pour la mise en oeuvre d’une kinésithérapie respiratoire pour les patients atteints de Covid19 en milieu hospitalier (c’est à dire concernant les patients présentant une atteinte pulmonaire sévère). Il nous a fallu quelques heures pour obtenir une traduction du papier original, mais voici ce que nous en retirons :
Classification de la maladie :
Pour le Covid19, le délai d’incubation est généralement de 3 à 6 jours mais il peut aller jusqu’à 14 jours.
Elle est classée en quatre catégories : légère, courante, lourde courante, lourde critique.
- Légère : symptômes cliniques légers
- Courante : fièvre, symptômes respiratoires et autres symptômes divers, la pneumonie peut être observée à l’imagerie
- Lourde courante : l’une des trois conditions suivantes : 1-détresse respiratoire, fréquence respiratoire ≥30 temps/min, 2-état de repos, indice de saturation O2 ≤93%, 3- pression partielle d’oxygène dans le sang artériel ≤300 mmHg.
- Lourde critique : insuffisance respiratoire, et nécessité d’une ventilation mécanique, choc septique, combinaison d’autres défaillances d’organes nécessitant un traitement de surveillance en soins intensifs.
Dans les cas très graves, la détresse respiratoire évolue rapidement vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë, un choc septique avec un déséquilibre acidobasique et un dysfonctionnement de la coagulation.
Réadaptation respiratoire
D’un point de vue manœuvre kinésithérapique, rien de nouveau, travail des muscles respiratoires, apprentissage d’une expectoration contrôlée, gymnastique générale, tout cela est bien connu. Ce qui est plus original, ce sont les conditions dans lesquelles il faut les appliquer :
- L’aération de la chambre : un système de ventilation doit être installé avant l’arrivée du patient : ventilateur pulsé vers le malade à l’entrée de la pièce, ventilateur pulsée vers l’extérieur, de l’autre coté du patient.
- Le personnel de santé doit porter des vêtements de protection, un masque médical, un écran facial de protection ou une protection oculaire.
- Lorsque c’est possible la réadaptation respiratoire doit se faire par interphone derrière une paroi vitrée. Sinon, le rééducateur ne doit jamais passer sous le vent, c’est à dire entre le patient et le système de ventilation extracteur.
- Eviter tout contact avec le patient.
- Pour les exercices de toux, d’expectoration ou éternuements : le patient fait face au ventilateur d’extraction vers la fenêtre.
- Lorsque le patient tousse, crache et éternue, un mouchoir doit être placé autour de la bouche et du nez avant de tousser, cracher et éternuer ; les tissus souillés doivent être conservés dans une poubelle couverte.
- La désinfection se fait deux fois par jours sur tous les supports à l’aide de produits chloré. (on apprend dans l’introduction que Les coronavirus sont sensibles à la lumière ultraviolette et à la chaleur, l’éther éthylique, l’éthanol à 75%, le peroxyde de chlore ou tout désinfectant chloré mais la chlorhexidine n’est pas efficace).
- Deux séances de désencombrement sont à faire tous les jours, plus une séance de gymnastique (ponté, pédalage aérien, travail des membres inférieurs et supérieurs), y compris sont qui sont en hypoxémie (ajouter de l’oxygène pendant les exercices).
Toutes ces mesures sont avant tout protectrices pour les soignants et elles limitent le risque de propagation. Au vue des contraintes que les chinois imposent pour les soins, il apparait que ce risque est très fort, sans doute beaucoup plus que ce qu’on a bien voulu nous dire au départ de l’épidémie. En l’absence de masque de protection pour tout le monde, le respect d’une distance règlementaire de 1 mètre parait bien faible. Rappelez vous que si vous êtes sous le vent, vous respirez les gouttelettes de la personne qui est quelques mètres devant vous et qui vient de tousser sans masque, sans mouchoir et en oubliant de mettre son coude devant sa bouche. Si vous avez des patients que vous devez suivre à domicile, appliquez strictement les consignes délivrées par le CNOMK : exigez des masques de vos ARS (ffp2 car les ffp1 protègent l’expectoration mais pas l’inhalation et intéressent les patients contaminés ou ceux qui sont susceptibles de contaminer c’est à dire tout le monde) pour dispenser ces soins et assurez-vous de disposer des conditions d’hygiène nécessaires pour vous protéger et protéger les patients, désinfection régulière des surfaces, téléphones, volant de voiture, etc.
En résumé, cette recommandation implique l’adoption de comportements d’une extrême prudence pour limiter le risque de contamination.
Par ailleurs, la notion de sensibilité à la chaleur et aux UV est plutôt une bonne nouvelle, les chercheurs indiquent donc un rythme saisonnier, mais à y regarder de plus près, le texte parle à ce moment là de la famille des coronavirus, espérons que covid19 se conduise comme ses cousins.
Merci à Bastien Fraudet et son traducteur . Nous ajoutons qu’un E-Learning est en préparation concernant la prise en charge du coronavirus en kinésithérapie.
Le texte original est en chinois, le résumé est ici :
Bonjour,
Je m’interroge sur le critère: « pression partielle d’oxygène dans le sang artériel ≤300 mmHg »
==> On parle bien de la PaO2 ? la valeur normale étant > 75mmHg, idéalement de 100mmHg, ne s’agit-il pas d’une erreur de traduction ?
Merci
Merci pour votre remarque, et bravo pour votre attention sur le sujet, il y a effectivement une erreur, ce chiffre correspond au rapport Pa02/FiO2 donc pression sur concentration et non pas pression seule, il manquait un bout de la formule. Le contenu a été corrigé.