L’origine de l’initiative et son objectif

L’union fait la force, dit l’adage, et nous en avons eu la confirmation lors de la première édition du CoReK : le Consortium de la Recherche en Kinésithérapie. Cette première rencontre, même si elle s’est déroulée relativement discrètement, promet de rassembler durablement les forces vives d’une profession toute jeune dans le monde universitaire.

Le monde de la kinésithérapie en France se trouve à un carrefour décisif, porté par un besoin croissant de voir reconnaître et de développer la contribution des kinésithérapeutes dans les savoirs scientifiques et cliniques. C’est dans ce contexte que le Département de kinésithérapie de l’Université Grenoble Alpes, a pris l’initiative d’organiser un consortium unique en son genre : le Consortium de la Recherche en Kinésithérapie (CoReK). L’équipe d’ActuKiné a eu la chance de pouvoir participer à l’événement les 23 et 24 novembre dernier. Nous aimerions d’ailleurs remercier Léo Druart, le porteur du projet ainsi que le Pr Nicolas Pinsault, Amélie Kechichian et Julien Provost qui ont permis à l’événement d’exister.

Cette initiative a émergé en réponse à une nouvelle réalité observée au sein de la communauté des kinésithérapeutes : l’engagement croissant dans des projets de recherche ainsi que dans des carrières académiques, que ce soit dans l’enseignement ou la recherche proprement dite. Ce mouvement vers l’universitarisation de la kinésithérapie et le développement des sciences de la rééducation et de la réadaptation comme entités propre du conseil national des université (Pour bien comprendre : voir notre article sur le CNU 91) ont été le terreau fertile pour l’apparition du CoReK.

Le CoReK vise à capitaliser sur cette dynamique en créant un espace de rencontre et d’échange, où les kinésithérapeutes engagés dans ou ayant complété un cursus universitaire de troisième cycle peuvent se rassembler. L’objectif est double : d’une part, faciliter une mise en relation des différents acteurs de la recherche en kinésithérapie au niveau national ou local, et d’autre part, identifier des axes stratégiques pour l’avancement de la recherche. Plus concrètement : doit on développer la multi appartenance à l’université ? Quelles caractéristiques font les chercheurs les plus performants ? sur quels critères ? etc.

Les rencontres organisées dans le cadre du CoReK, qu’elles soient formelles ou informelles, offrent ainsi une occasion inédite pour débattre de l’identité et de la structuration de la recherche en kinésithérapie, tout en envisageant des pistes d’action concrètes pour en accélérer le développement. Ce premier pas vers une collaboration étendue représente un espoir pour l’ensemble de la profession, promettant non seulement de renforcer la cohésion entre les chercheurs mais aussi de structurer ce domaine pour faire de la discipline un champ de recherche de premier plan.

Je vous propose de découvrir l’interview de Léo Druart et Amélie Kechichian réalisée à la fin de l’événement :

Ecoutons  également Nicolas Pinsault nous en parler :

Profil des participants

Plus concrètement, l’événement a permis de rassembler nombre de professionnels de la recherche : une soixantaine de personnes : étudiants en master, doctorants, docteurs, maîtres de conférence universitaires, professeurs des universités. En bref, une densité rarement atteinte d’universitaires de haut vol pour une profession comme la nôtre. Parmi les participants, on notait une prédominance de profils hospitalo-universitaires, avec très peu représentant la double casquette de praticien en clinique libérale et chercheur, ce qui est compréhensible : conjuguer ces deux aspects est actuellement presque un défi insurmontable.

Les principales thématiques abordées

Au cours du week-end, une série de présentations en plénière et de groupes de discussion ont couvert une variété de sujets importants. Pour commencer, Peggy Gatignol, présidente de la CNU 91, a détaillé les critères de sélection et les procédures pour accéder à des positions académiques comme maître de conférences universitaires (MCU) et professeur des universités dans le secteur de la rééducation et de la réadaptation. Elle a aussi présenté un résumé du processus de candidature de l’année dernière, incluant le nombre de candidatures reçues et le pourcentage accepté.

François Couraud, conseiller santé auprès du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, a fait le point sur l’intégration de la profession dans le secteur universitaire. Il a souligné les différents statuts professionnels pour les chercheurs, comme enseignant-chercheur et clinicien chercheur, ou une combinaison de ces rôles, en insistant sur l’évolution vers des statuts mixtes de cliniciens-chercheurs, en particulier pour ceux en pratique libérale, selon un récent rapport de l’IGAS (que vous pouvez retrouver ici).

L’événement comprenait deux tables rondes. La première a pu explorer les avantages et inconvénients des statuts mono, bi ou tri-appartenants dans la recherche, soulignant l’importance de garder un lien avec la pratique clinique pour rester en phase avec les enjeux sur le terrain. La seconde discutait des critères qui déterminent l’appartenance d’un individu à la section universitaire 91, en cherchant à définir les éléments distinctifs d’un parcours académique dans ce domaine.

Défis et solutions discutés

Lorsqu’il s’agit de valider la candidature de potentiels candidats à la section rééducation réadaptation, la question se pose alors de savoir sur quels critères considère-t-on qu’un candidat a bien un lien avec cette thématique et pas plutôt avec une autre (biomécanique, activité physique et sportive, neurosciences, etc…). Et c’est justement sur ces questions qu’étaient tournés les groupes de travail : définir les critères d’appartenance à la section 91 et démêler les atouts et limites de statuts de chercheurs mono, bi ou tri-appartenants (chercheur, enseignant, clinicien).

S’agit-il de vouloir développer la recherche fondamentale, au risque de voir s’éloigner la recherche et la clinique ou bien de favoriser l’émergence de recherche clinique plus proche des pratiques des professionnels ?

Si l’appartenance clinique et son importance ont été globalement considéré comme des points essentiels lorsqu’il s’agissait de définir les atouts des multi-appartenants face aux chercheurs exclusifs, sa nécessité n’a pourtant pas été retenu comme critère d’importance pour le rattachement à la section universitaire CNU 91, objet de la seconde table ronde.

Impact sur la pratique de la kinésithérapie en France

L’impact sur la clinique d’aujourd’hui n’est clairement pas mesurable pour le moment. En revanche il s’agit là de premières bases qui contribueront à faire de la rééducation-réadaptation un domaine de recherche incontournable lorsqu’il s’agit de proposer des avancées dans le monde de la santé. Les kinésithérapeutes pourront alors peut-être faire un pas de plus vers l’autonomie de la profession et vers une plus grande efficacité et reconnaissance de ses pratiques. Rappelons que les kinésithérapeutes composent actuellement plus de 75% des membres de la CNU91.

Perspectives futures et prochaines étapes

Le CoReK de Grenoble est le premier de ce que nous espérons être un rendez-vous régulier des chercheurs de notre domaine clinique. Il a permis de créer une acculturation du public présent sur la thématique de la progression de carrière à l’université, de faire se réunir des professionnels de toute la France autour d’une volonté commune de voir évoluer le cadre de leur activité vers une plus grande autonomie dans la recherche, et de semer la graine de futures rencontres du même type.