Bonjour, je suis Guillaume Prieur, à l’occasion de la sortie d’un e-learning à propos de la prise en charge en kinésithérapie des patients atteints de BPCO, sur la plateforme de formation ActuKiné, je souhaitais vous partager quelques conseils pour débuter une rééducation respiratoire ⬇️.

Retrouvez l’e-learning « Réadaptation respiratoire du patient atteint de BPCO » sur notre plateforme de formation en ligne par abonnement 👉 https://www.actukine-crc.com/course/pris-en-charge-de-la-bpco

 

Vouloir débuter dans la réadaptation respiratoire n’est pas toujours évident. Beaucoup de
personnes ont des a priori qui peuvent les empêcher de se lancer. Pourtant la réadaptation
respiratoire est un domaine passionnant, c’est un temps privilégié avec le patient où vous avez
le temps de faire le tour de ses différentes problématiques. Certains patients, en dehors du
problème respiratoire, peuvent présenter des difficultés en lien avec l’alimentation, peuvent
avoir de l’anxiété, être isolés socialement, avoir un habitat non adapté à leur pathologie ou
peuvent même avoir besoin d’aide pour le sevrage du tabac. Cette prise en charge est donc
captivante et apporte un réel bénéfice parfois immédiat dans le quotidien du malade et sur le
long terme.

Les études montrent que la réadaptation respiratoire diminue l’essoufflement du
malade, améliore sa qualité de vie, diminue le recourt aux soins, optimise le rétablissement
après une hospitalisation et diminue les coûts liés aux soins. Malheureusement, seulement
10% des patients atteints de BPCO accèdent un jour à un programme de réadaptation
respiratoire. Le manque de structure proposant ce type de programme fait malheureusement
partie des causes.

C’est pourquoi, je vous propose 5 conseils pour vous lancer dans ce domaine ainsi qu’une formation en e-learning bientôt disponible pour approfondir vos connaissances.

 

Premier conseil :
Vous n’avez pas besoin de beaucoup de matériel dans votre cabinet pour démarrer un
programme de réadaptation respiratoire. Il a été démontré que faire de l’activité physique
avec les moyens du bord (marche en extérieur avec utilisation de podomètre, renforcement
avec bouteille d’eau ou poids du corps) est aussi efficace que du réentraînement dans un
centre de rééducation.

Références : Holland AE, Mahal A, Hill CJ, Lee AL, Burge AT, Cox NS, Moore R, Nicolson
C, O’Halloran P, Lahham A, Gillies R, McDonald CF. Home-based rehabilitation for COPD
using minimal resources: a randomised, controlled equivalence trial. Thorax 2017; 72: 57–65.

 

Deuxième conseil :
Autonomisez votre patient en lui donnant des exercices à la maison et demandez-lui de
remplir un carnet de suivi en notant les exercices réalisés (fréquence, nombre de séries et
répétitions), le temps consacré aux efforts, le ressenti. Si votre patient réalise bien les
exercices seuls, proposez-lui une séance de supervision une fois par semaine pour que la
motivation ne baisse pas avec le temps. Cela permet de couvrir une plus grande période dans
l’année pour la prise en charge tout en étant efficace.

Références : Holland AE, Mahal A, Hill CJ, Lee AL, Burge AT, Cox NS, Moore R, Nicolson
C, O’Halloran P, Lahham A, Gillies R, McDonald CF. Home-based rehabilitation for COPD
using minimal resources: a randomised, controlled equivalence trial. Thorax 2017; 72: 57–65.
Malaguti C, Dal Corso S, Janjua S, Holland AE. Supervised maintenance programmes
following pulmonary rehabilitation compared to usual care for chronic obstructive pulmonary
disease. Cochrane Airways Group, editor. Cochrane Database of Systematic Reviews
[Internet] 2021

 

Troisième conseil :
Si vous n’avez pas de patient atteint de BPCO dans votre cabinet, faites vous connaitre des
pneumologues de ville ou hospitalier. N’oubliez pas les kinésithérapeutes hospitaliers
travaillant en pneumologie, ce sont très souvent eux qui adressent les patients ensuite en ville.
Cette pathologie concerne 7,5% de la population âgée de plus de 45 ans en France. Les
centres experts peuvent se retrouver avec des listes d’attente de plusieurs mois pour qu’un
patient puisse avoir accès à un programme de réadaptation respiratoire. Les structures ont
besoin de rediriger des patients en ville pour faciliter l’accès.

Références : Fuhrman C, Delmas M-C. Épidémiologie descriptive de la bronchopneumopathie
chronique obstructive (BPCO) en France. Revue des Maladies Respiratoires 2010; 27:
160–168.

 

Quatrième conseil :
Si votre patient atteint de BPCO présente une désaturation en oxygène à l’effort dans votre
cabinet, ne paniquez pas. Il a été démontré que la désaturation exclusivement à l’effort
jusqu’à 80% ne présentait pas de risque pour le patient, elle peut augmenter par contre son
essoufflement. Si votre patient tolère bien cliniquement cette désaturation à l’effort, alors il
n’est pas nécessaire d’adapter l’effort. Dans le cas où votre patient est très dyspnéique,
diminuez soit la résistance au vélo ou la vitesse de marche. Une autre possibilité est de
fractionner l’exercice en demandant au patient de faire 1 minute d’effort et une minute de
repos pour limiter le temps passé en dessous de 90% de saturation en oxygène.

Références : Albert RK, Au, DH, Blackford, AL, Casaburi, R, Cooper, JA, Criner, GJ, Diaz, P,
Fuhlbrigge, AL, Gay, SE, Kanner, RE, MacIntyre, N, Martinez, FJ, Panos, RJ, Piantadosi, S,
Sciurba, F, Shade, D, Stibolt, T, Stoller, JK, Wise, R, Yusen, RD, Tonascia, J, Sternberg, AL, Bailey W. A Randomized Trial of Long-Term Oxygen for COPD with Moderate
Desaturation. New England journal of medicine 2016; 375: 1617‐1627.

Alison JA, McKeough, ZJ, Leung, RWM, Holland, AE, Hill, K, Morris, NR, Jenkins, S,
Spencer, LM, Hill, CJ, Lee, AL, Seale, H, Cecins, N, McDonald C. Oxygen compared to air
during exercise training in COPD with exercise-induced desaturation. The european
respiratory journal 2019; 53

Spruit MA, Singh SJ, Garvey C, ZuWallack R, Nici L, Rochester C, Hill K, Holland AE,
Lareau SC, Man WD-C, Pitta F, Sewell L, Raskin J, Bourbeau J, Crouch R, Franssen FME,
Casaburi R, Vercoulen JH, Vogiatzis I, Gosselink R, Clini EM, Effing TW, Maltais F, van der
Palen J, Troosters T, Janssen DJA, Collins E, Garcia-Aymerich J, Brooks D, Fahy BF, et al.
An Official American Thoracic Society/European Respiratory Society Statement: Key
Concepts and Advances in Pulmonary Rehabilitation. Am J Respir Crit Care Med 2013; 188:
e13–e64.

 

Cinquième conseil :
Une méta-analyse récente à démontré que la chose a privilégier dans la réadaptation
respiratoire est le travail en endurance et que le plus important est de faire du volume (temps
sur cyclo-ergomètre ou tapis de marche, nombre de semaines de rééducation). L’intensité
d’effort n’apporte pas beaucoup de plus-value. Si votre patient est très dyspnéique, faite de
l’exercice à très basse intensité, mais le plus longtemps possible.

Références : Ward TJC, Plumptre CD, Dolmage TE, Jones AV, Trethewey R, Divall P, Singh
SJ, Lindley MR, Steiner MC, Evans RA. Change in V ˙ O2peak in Response to Aerobic
Exercise Training and the Relationship With Exercise Prescription in People With COPD.
Chest 2020; 158: 131–144.

J’espère que ces conseils vous aideront. Je vous souhaite beaucoup de plaisir dans votre
pratique et merci pour eux !

Téléréadaptation pour les maladies respiratoires chroniques

Téléréadaptation pour les maladies respiratoires chroniques