Fréquence
Les fréquences les plus utilisées chez le BPCO sont élevées entre 35 et 50 Hz suivant les protocoles. Pourquoi ces hautes fréquences ?
– Pour avoir une contraction tétanique permettant d’augmenter la masse musculaire.
– Il s’agit de fréquences tolérables et peu "agressives" pour des muscles atrophiés.
– Des améliorations fonctionnelles ont été observées en utilisant ces fréquences.
Chez l’insuffisant cardiaque chronique, des fréquences > 50 Hz améliorent la force musculaire et les fréquences < 50 Hz améliorent l’endurance musculaire.
Sillen et al. ont réalisé une étude pilote de faible qualité méthodologique chez 17 patients comparant l’utilisation de haute (75 Hz) et de basse fréquences (15 Hz) chez des BPCO de stades 2 et 3.
Il n’y pas de différence significative dans les 2 groupes concernant la consommation d’oxygène, la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, la dyspnée et la fatigue dans les membres inférieurs lors d’une séance d’ES [1].
Intensité
L’intensité minimale permettant d’obtenir une contraction visible musculaire a été comparée dans les différents protocoles :
– Chez le BPCO modéré, elle varie de 15 à 18 mA.
– Chez le BPCO sévère, elle est de 21 mA.
Les patients répondeurs sont ceux qui peuvent augmenter l’intensité au cours du traitement d’ES (voir l’article de Napolis [2]).
Isabelle Vivodtzev nous a présenté les résultats d’une étude encore non publiée qui a évalué en critère principal la tolérance à l’ES qui est un facteur important d’efficacité [3].
Positionnement des électrodes
Les points moteurs communs pour l’ES du quadriceps ne sont pas sensiblement les mêmes d’une personne à l’autre. Nous avons tous appris le positionnement des électrodes sur les vastes médial et latéral à x travers de doigts de la patella. Et bien c’est faux !
Il y a quasiment autant de points moteurs (distal, proximal, central) pour chaque muscle du quadriceps que de sujets étudiés (53 dans l’étude de Botter et al.) [4].
Il est donc indispensable d’utiliser un stylet pour localiser ces points moteurs et donc avoir une ES optimale.
Le système Kneehab® pourrait être un nouveau moyen d’électrostimulation. Il présente une efficacité plus importante que l’ES classique après opération du ligament croisé antérieur (sur la force isométrique du quadriceps et des activités type saut ou course à pied) [5].
Commentaire : L’ES envisagée chez le BPCO n’est pas combinée à une contraction musculaire volontaire. Chez le sujet sain, les effets de l’ES+contraction volontaire ont des résultats très divergents [6]. Cette modalité pourrait être investiguée chez le BPCO.
A lire aussi la présentation de F. Crépon et J. Dupuis lors des journées Alvéole en 2010.
Références :
[1] Sillen MJ, Wouters EF, Franssen FM, Meijer K, Stakenborg KH, Spruit MA. Oxygen uptake, ventilation, and symptoms during low-frequency versus high-frequency NMES in COPD: a pilot study. Lung. 2011 Feb;189(1):21-6. Accès payant.
[2] Nápolis LM, Dal Corso S, Neder JA, Malaguti C, Gimenes AC, Nery LE. Neuromuscular electrical stimulation improves exercise tolerance in chronic obstructive pulmonary disease patients with better preserved fat-free mass. Clinics (Sao Paulo). 2011;66(3):401-6. Accès gratuit.
[3] Protocole de l’étude TOES (Tolerance to Electrostimulation in COPD Patients) de F. Maltais. Accès gratuit.
[4] Botter A, Oprandi G, Lanfranco F, Allasia S, Maffiuletti NA, Minetto MA. Atlas of the muscle motor points for the lower limb: implications for electrical stimulation procedures and electrode positioning. Eur J Appl Physiol. 2011 Oct;111(10):2461-71. Accès payant.
[5] Feil S, Newell J, Minogue C, Paessler HH. The effectiveness of supplementing a standard rehabilitation program with superimposed neuromuscular electrical stimulation after anterior cruciate ligament reconstruction: a prospective, randomized, single-blind study. Am J Sports Med. 2011 Jun;39(6):1238-47. Accès gratuit ici.
[6] T. Paillard, F. Noé, O. Edeline. Effets neuromusculaires de l’électrostimulation transcutanée surimposée et combinée à l’activité volontaire : une revue. Ann Readapt Med Phys 48 (2005) 126–137.
Pour finir cette série, nous aborderons demain les techniques d’évaluation de l’électrostimulation par le Pr. Wuyam.