Congrès Alvéole 2012 : Electrostimulation et maladies chroniques (2/4)
La 2ème intervention du Pr Hayot a porté sur "Electrostimulation : preuves dans les maladies chroniques" et plus précisément sur la BPCO et l’Insuffisance Cardiaque Chronique. Il y a peu d’études disponibles sur ces pathologies.

L’insuffisance cardiaque chronique (ICC)

2 méta-analyses récentes font une synthèse sur ce sujet [1,2].
L’ES est moins efficace qu’un entraînement par cyclo-ergomètre mais plus efficace qu’un traitement placebo chez des patients ayant un score NYHA II à IV. Elle améliore la performance et la qualité de vie.
Les auteurs conseillent l’ES chez les patients trop faibles pour faire du réentraînement à l’effort.

Commentaires :
Il faut noter l’hétérogénéité des courants employés. Les fréquences varient de 10 à 50 Hz.
Les études sont de qualité médiocre avec des effectifs faibles.

La Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO)

2 revues de littérature publiées en 2009 [3,4] dont une a réalisé une méta-analyse [4]. Elles ont recensé 5 études sur le sujet.

La méta-analyse réalisée dans la revue de Roig [4] montre que l’ES augmente significativement le pic de force du quadriceps et la distance réalisée au TDM6 chez des patients BPCO sévères à très sévères (stades GOLD 3 et 4). L’ES était comparée à un traitement sham ou à un travail actif des membres ou en supplément d’une réhabilitation classique.

Commentaires :
Les protocoles étaient hétérogènes avec des courants employés variables (fréquence, durée d’impulsion, intensité) ou des durées d’applications différentes (3 à 5 fois / semaine durant 4 à 6 semaines, 6 à 30h / semaine).
La population des 5 études est faible (91 patients).

A ces revues, il faut ajouter 3 études publiées en 2011 et 2012 [5,6,7]. Celle d’Abdellaoui apporte un début de preuves pour l’utilisation de l’ES à haute fréquence (35 Hz) du quadriceps + ischio-jambiers après exacerbations (15 patients, ES vs traitement sham) [6].
Napolis et al. ont introduit la notion de patients répondeurs ou non à l’ES de haute fréquence (50 Hz). Les répondeurs seraient des patients ayant une masse maigre préservée permettant d’appliquer des intensités plus importantes. Dans l’étude ES vs traitement sham, 30 patients de stades GOLD 2 et 3 ont été inclus [5].
Vivodtzev et al. ont étudié les effets d’une ES des quadriceps et des mollets chez des BPCO sévères (traitement ES vs sham). Ils ont montré une augmentation de l’aire de section des muscles, une utilisation plus importante des voies anaboliques (synthèse) et moins importante des voies cataboliques (production de déchets, dégradation) après ES [7].

La stimulation magnétique répétée (rMS) chez le BPCO : une nouvelle voie ?

Une étude pilote de Bustamante sur 18 patients BPCO sévères (traitement rMS vs groupe contrôle avec des recommandations de kinésithérapie) a montré qu’après 8 semaines :
– Les 2 groupes ont augmenté significativement la force du quadriceps,
– La rMS a augmenté significativement l’endurance du quadriceps, la tolérance à l’exercice (+23 m, en dessous de seuil de significativité clinique de 54m) et la qualité de vie (augmentation non significative dans le groupe contrôle) [8].

A lire aussi sur le sujet, les effets de la rMS sur le métabolisme musculaire du patient BPCO sévère [9].

Références :
[1] Sbruzzi G, Ribeiro RA, Schaan BD, Signori LU, Silva AM, Irigoyen MC, Plentz RD. Functional electrical stimulation in the treatment of patients with chronic heart failure: a meta-analysis of randomized controlled trials. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil. 2010 Jun;17(3):254-60. Accès payant.
[2] Smart NA, Dieberg G, Giallauria F. Functional electrical stimulation for chronic heart failure: A meta-analysis. Int J Cardiol. 2012 Jan 10. Accès payant.
[3] Sillen MJ, Speksnijder CM, Eterman RM, Janssen PP, Wagers SS, Wouters EF, Uszko-Lencer NH, Spruit MA. Effects of neuromuscular electrical stimulation of muscles of ambulation in patients with chronic heart failure or COPD: a systematic review of the English-language literature. Chest. 2009 Jul;136(1):44-61. Accès gratuit.
[4] Roig M, Reid WD. Electrical stimulation and peripheral muscle function in COPD: a systematic review. Respir Med. 2009 Apr;103(4):485-95. Accès payant.
[5] Nápolis LM, Dal Corso S, Neder JA, Malaguti C, Gimenes AC, Nery LE. Neuromuscular electrical stimulation improves exercise tolerance in chronic obstructive pulmonary disease patients with better preserved fat-free mass. Clinics (Sao Paulo). 2011;66(3):401-6. Accès gratuit.
[6] Abdellaoui A, Préfaut C, Gouzi F, Couillard A, Coisy-Quivy M, Hugon G, Molinari N, Lafontaine T, Jonquet O, Laoudj-Chenivesse D, Hayot M. Skeletal muscle effects of electrostimulation after COPD exacerbation: a pilot study. Eur Respir J. 2011 Oct;38(4):781-8. Accès gratuit pour les adhérents à l’European Respiratory Society (adhésion gratuite avant 35 ans) et article commenté par Actukine.
[7] Vivodtzev I, Debigaré R, Gagnon P, Mainguy V, Saey D, Dubé A, Paré MÈ, Bélanger M, Maltais F. Functional and Muscular Effects of Neuromuscular Electrical Stimulation in Patients With Severe COPD: A Randomized Clinical Trial. Chest. 2012 Mar;141(3):716-25. Accès payant.
[8] Bustamante V, López de Santa María E, Gorostiza A, Jiménez U, Gáldiz JB. Muscle training with repetitive magnetic stimulation of the quadriceps in severe COPD patients. Respir Med. 2010 Feb;104(2):237-45. Accès payant.
[9] Bustamante V, Casanova J, López de Santamaría E, Mas S, Sellarés J, Gea J, Gáldiz JB, Barreiro E. Redox balance following magnetic stimulation training in the quadriceps of patients with severe COPD. Free Radic Res. 2008 Nov;42(11-12):939-48. Accès payant.

Demain, l’exposé d’Isabelle Vivodztev sur matériels et procédures employés dans l’ES du patient BPCO.