Comprendre la science(27). La dissonance cognitive
Vous êtes kinésithérapeute acueillant des stagiaires tout au long de l’année.
Que se passe-t-il dans votre tête quand le stagiaire vous prétend que le test que vous (lui demandez d’) utilisez auprès de chaque patient , n’est ni fiable, ni valide…en d’autre terme qu’il ne sert à rien(Article à l’appui).
Un orage peut alors surgir dans votre tête accompagné d’une sensation désagréable de perdre pied. Vous avez trois réactions qui s’offre à vous.
La moins courante:
"Oh, après tout c’est vrai, il a raison il n’est pas terrible ce test".

Puis au choix la négociation: " Oui c’est vrai qu’il n’est peut être pas fiable et valide mais bon, ça me dépanne bien quand même, et puis l’autre jour il m’a bien servi"
Ou le déni: " non mais pour qui il se prend celui la ?!?; son article c’est de la théorie voilà tout, il n’est pas sur le terrain celui qui écrit ça derrière son bureau, Pfff; c’est encore leurs profs de l’école qui leur colle des trucs dans la tête, si ça continue je vais arrêter de prendre des stagiaires moi!!"
Enchainé avec:
" Fais comme je te dis, ça fait 15 ans que je fais ça, si ça ne marchait pas ça se saurait!!!"

Si on se situe dans un champ psycho-social, le concept de dissonance cognitive proposé par le psychosociologue Léon Festinger en 1957 permet de mieux comprendre cette situation. Il nous dit que lorsque un individu présente des cognitions en opposition, il va alors inconsciemment se protéger en réfutant ou en négociant les faits. Vous trouverez ici de plus amples explications.
Parallèlement, les travaux établis par Kurt LEWIN(1947) nous démontre que par “effet de gel”, un individu peut maintenir voir amplifier le comportement issu d’une décision et ce quels que soient les arguments qui ont entraîné celle-ci. Ainsi dans contexte professionnel tel que celui décrit précédemment, le thérapeute va maintenir sa façon de faire (“la persévérance sera payante”) plutôt que de modifier ses cognitions (“j’ai fait fausse route”) ce qui l’amènerait à reconnaître ses erreurs.
BARRY M. 2008 Les rouages de la manipulation – Sciences humaines-Mensuel n° 197, Octobre 2008 pp 36-41

Pour faire simple vous continuerez à utiliser votre test, et paradoxalement, peut être même à l’utiliser encore plus.

Cette explication se voit renforcée par Gaston BACHELARD:“La cohérence d’un système de pensée, ses succès antérieurs, la force de l’habitude peuvent venir figer la pensée dans un certain cadre et l’empêcher d’imaginer que certains éléments du système pourraient être différents de ce que l’on a considéré qu’ils étaient jusque-là. Cette limitation est en général implicite, on ne peut même pas l’imaginer et donc la penser”.
Bachelard.G 1938, la formation de l’esprit scientifique, librairie philosophique, J.VRIN.

Ce concept permet également d’expliquer les réactions épidermiques que l’on peut voir entre professionnels lorsque l’on passe les concepts thérapeutiques à l’épreuve de la démarche scientifique…