Comment évaluez-vous les muscles fibulaires ?
L’évaluation manuelle de la force ou de la commande motrice des muscles fibulaires peut être recherchée dans la rééducation de chevilles instables, lors d’une tendinopathie de ces mêmes muscles, avant de déterminer le choix d’une orthèse de cheville chez le patient AVC, pour l’évaluation du patient blessé médullaire, etc.

Comment évaluez-vous les Long et Court Fibulaires (Péroniers) au quotidien ?

Réponses

Vous êtes 32 à avoir répondu au questionnaire.
Avant de lire les réponses, sachez qu’il n’existe pas de consensus concernant l’évaluation manuelle de la force musculaire des muscles fibulaires. En fonction des ouvrages (Kendall, Daniels et Worthingham, Lacôte, etc.), différents positions d’évaluation, différents mouvements sont testés, différents placements pour les résistances sont décrits.
Pour Daniels et Worthingham, il n’est pas possible de différencier Court et Long Fibulaires si les 2 muscles sont innervés et actifs.
Il n’y a priori pas d’étude publiée analysant l’activité électromyographique des fibulaires lors des différents tests possibles. Cela peut être un mémoire intéressant.

Q1 : Lorsque vous évaluez manuellement le Long Fibulaire, où placez-vous votre résistance ?

Vous êtes 69 % à placer votre résistance à la face plantaire du Ier métatarsien. En effet, le Long Fibulaire se termine sur le tubercule latéral de la base plantaire du Ier métatarsien.

Q2 : Lorsque vous évaluez manuellement le Court Fibulaire, où placez-vous votre résistance ?

Vous êtes 75 % à placer votre résistance au bord latéral du Vème métatarsien. L’anatomie semble nous apporter une partie de la réponse car le muscle se termine à la partie latérale du processus styloïde du Vème métatarsien.

Q3 : Lorsque vous évaluez manuellement le Long Fibulaire, quelle est la position de départ du pied ?

Des réponses plus variables avec 60 % de réponses en faveur d’une position en Flexion Dorsale et Inversion soit à l’opposé de l’action du Long Fibulaire.

Q4 : Lorsque vous évaluez manuellement le Court Fibulaire, quelle est la position de départ du pied ?

De part l’action d’abduction et de pronation du pied, la position de départ pourrait donc être l’inversion (28 % des réponses). Les ouvrages décrivent plutôt un départ en position neutre (28 % de vos réponses) sans justification particulière.

Q5: Lorsque vous évaluez manuellement le Long Fibulaire, quel mouvement testez-vous ?

Réponses mitigées sur cette question avec seulement 65 % demandant une flexion plantaire et une éversion. Le Long Fibulaire est biomécaniquement un fléchisseur plantaire faible, accessoire.
Le 3ème fibulaire, inconstant, aurait lui une action de flexion dorsale.

Q6 : Lorsque vous évaluez manuellement le Court Fibulaire, quel mouvement testez-vous ?

Pour 56 % d’entre vous, le mouvement testé est l’abduction pronation correspondant à l’action biomécanique du muscle.

Q7 : Quel test “fonctionnel” vous semble complémentaire ?

Chez le patient neurologique, la position debout sur la pointe des pieds (en bipodal) peut mettre en évidence une faiblesse des fibulaires.
Le test unipodal peut aussi être réalisé en cas d’atteinte unilatérale.
Il n’existe pas de test fonctionnel référence chez le patient ayant eu par exemple une entorse de cheville. Peut être parce qu’il n’y a pas de preuves de faiblesse des fibulaires sauf pour les chevilles instables.

Discussion

Une enquête israélienne publiée en 2012 (Sarig-Bahat H et al.) réalisée auprès de 143 physios (97 réponses) a montré que malgré une bonne connaissance de l’action des muscles fibulaires (69 %), seulement 2 % plaçaient leur résistance à la face plantaire de la base du Ier métatarsien.
La méthode d’évaluation retenue par les israéliens ne cherchait pas à distinguer le court ou le long fibulaire avec un mouvement testé en flexion plantaire, abduction et pronation.
Un modèle sur cadavre rapporte que le Court Fibulaire serait un éverseur plus fort que le Long Fibulaire (Otis et al.).

Il n’y actuellement pas UNE réponse à cette question. Il convient de rester critique, de s’adapter à la pathologie du patient et à l’intérêt éventuel (s’il existe) de distinguer les Long et Court Fibulaires lors de l’évaluation manuelle de la force musculaire.
Par exemple, chez un patient AVC, un clonus du pied peut être causé par une spasticité du Long Fibulaire (Thevenon et al.). L’identification précise du muscle responsable peut être nécessaire en cas d’indication d’injection de toxine botulique voire de neurotomie.

Références

Dufour M. Anatomie de l’appareil locomoteur, Tome 1 : Membre Inférieur. Masson, Paris, 2001.
Hislop HJ, Montgomery J. Daniels and Worthingham’s Muscle Testing: Techniques of Manual Examination. St. Louis, Mo.: Saunders/Elsevier, 2007.
Kendall FP, Kendall FP. Muscles: Testing and Function with Posture and Pain. Baltimore, MD: Lippincott Williams & Wilkins, 2005.
Lacôte M, Chevalier AM, Miranda A, Bleton JP. Evaluation Clinique de la Fonction Musculaire. Maloine, Paris, 2008.
Otis JC, Deland JT, Lee S, Gordon J. Peroneus brevis is a more effective evertor than peroneus longus. Foot Ankle Int. 2004 Apr;25(4):242-6. Accès payant.
Sarig-Bahat H, Krasovsky A, Sprecher E. Evaluation of clinical methods for peroneal muscle testing. Physiother Res Int. 2013 Mar;18(1):55-62. Accès payant.
Thevenon A, Serafi R, Fontaine C, Grauwin MY, Buisset N, Tiffreau V. An unusual cause of foot clonus: Spasticity of fibularis longus muscle. Ann Phys Rehabil Med. 2013 Sep;56(6):482-8. Accès payant.