Décembre marque le moment des rétrospectives… ActuKiné en profite pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année et ressort des tiroirs une vidéo d’une intervention estivale du Dr Tasha Stanton (groupe Body In Mind). Voilà encore une occasion de rappeler l’importance du cerveau dans la douleur chez les sujets arthrosiques et pourquoi pas de créer un petit sujet de discussion pour votre réveillon (sinon laissez tomber et bon appétit !). Pour les non anglophones nous vous proposons un petit récapitulatif des points abordés dans cette présentation pour vous permettre de suivre.

La « quantité » d’arthrose n’est pas un bon indicateur pronostic de la douleur expérimentée par les patients.

Face aux messages nociceptifs le cerveau va devoir répondre à plusieurs questions à travers son évaluation des signaux lui parvenant : le stimulus est-il dangereux (peut-il endommager l’organisme) ? Dois-je y faire quelque chose ? Où se situe ce stimulus ? Le cerveau possède un pouvoir de contrôle sur les signaux montants : il peut en faciliter la montée ou au contraire les inhiber.

La douleur est une perception : il est important pour le système de savoir situer d’où proviennent les signaux montants pour créer une perception correcte de l’endroit sur lequel il faut porter l’attention. Il semble que le cortex somatosensoriel soit une zone clef (1). Le cerveau utilise également des informations sur la localisation des membres dans l’espace, le mouvement, la vision, la fonction vestibulaire,etc.

Les illusions sont très étudiées en sciences car elles permettent de comprendre comment le cerveau intègre les différents inputs pour créer des perceptions. La question est de savoir si on peut utiliser les illusions pour modifier la perception douloureuse des patients ? Pour y répondre un groupe de chercheur travaille sur un système informatisé capable de générer des illusions visuelles couplées à des manipulations proprioceptives et tactiles : le MIRAGE (2). Les premières études chez des sujets « douloureux arthrosiques » semblent prometteuses.

Il existe des preuves solides qui montrent que la perception des zones douloureuses (dans les CRPS et la douleur chronique notamment) est modifiée : ex : sensation de gonflement fantôme, altération de la perception de la taille du membre douloureux, etc. L’étude de Stanton (3) montre un TPD (seuil de discrimination de deux points ici appliqué au genou douloureux) plus important chez le gonalgique en comparaison à des sujets ayant une douleur d’épaule et à des sujets sains. L’étude de Haigh (4) montre que des symptômes arthrosiques (douleur et raideur par exemple) peuvent être présents sur des membres amputés. Ces symptômes semblent être améliorés par rééducation de type imagerie mentale.

Il semble donc que la douleur du genou qualifiée d’arthrosique ne soit pas seulement une question d’articulation !

Références

(1) Di Pietro F, McAuley JH, Parkitny L, Lotze M, Wand BM, Moseley GL, Stanton TR. Primary somatosensory cortex function in complex regional pain syndrome: a systematic review and meta-analysis. J Pain. 2013 Oct;14(10):1001-18.

(2) Le site web du MIRAGE

(3) Stanton TR, Lin CW, Bray H, Smeets RJ, Taylor D, Law RY, Moseley GL. Tactile acuity is disrupted in osteoarthritis but is unrelated to disruptions in motor imagery performance. Rheumatology (Oxford). 2013 Aug;52(8):1509-19.

(4) Haigh RC, McCabe CS, Halligan PW, Blake DR. Joint stiffness in a phantom limb: evidence of central nervous system involvement in rheumatoid arthritis. Rheumatology (Oxford). 2003 Jul;42(7):888-92
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