Deux études ont démontré les bénéfices d’une supplémentation en O2 sur le pronostic vital des patients BPCO présentant une hypoxémie sévère (PaO2 < 7,4 kPa au repos ; SpO2 < 89%). Néanmoins, les bénéfices de l’O2 chez des patients atteints de BPCO avec une hypoxémie modérée au repos (SpO2 89 à 93%) et/ou avec des désaturations à l’effort ne sont pas encore démontrés.
L’objectif principal de cette étude est donc d’observer dans cette population de patients les bénéfices de l’O2 sur le temps avant la première hospitalisation et sur la mortalité sur une période de 6 ans.
Méthode :
Étude randomisée contrôlée multicentrique (47 centres) comparant deux groupes : Groupe oxygène (groupe O2) versus absence d’O2 (groupe contrôle).
Les critères d’inclusions sont :
• Patients stables avec une hypoxémie modérée au repos (SpO2 entre 89 et 93%)
• Patients avec une désaturation modérée à l’exercice (SpO2 entre 80 et 90%)
Intervention dans le « groupe O2 » :
– Pour les patients avec une hypoxémie modérée au repos => O2 24 h/24 à 2L/min
– Pour les patients avec une désaturation à l’effort => O2 à l’effort et la nuit, ≥ 2L/min afin de maintenir une SpO2 égale à 90%.
Les moyens d’évaluation secondaires sont :
Le taux d’exacerbation, le TDM6, la qualité de vie (Quality of Well-Being Scale ; St George’s Respiratory Questionnaire ; SF-36), l’anxiété et la dépression (questionnaire HAD), la qualité subjective du sommeil (Pittsburgh questionnaire).
Résultats :
738 patients ont été inclus dans l’étude.
133 (18%) patients avaient seulement une désaturation modérée au repos, 319 (43%) patients avaient seulement une désaturation à l’effort, 286 (39%) patients présentaient les 2 types de désaturation. 31% des patients dans le « groupe contrôle » et 33% des patients dans le « groupe O2 » avaient une atteinte cardio-vasculaire. Il n’existe aucune différence statistique significative entre les 2 groupes au début de l’étude.
Aucune différence significative n’a été retrouvée entre les deux groupes sur tous les moyens d’évaluations durant la durée de l’étude (6 ans).
Conclusion des auteurs :
La prescription d’O2 chez les patients BPCO stables présentant une hypoxémie modérée ou une désaturation à l’effort n’affecte pas la mortalité, le délai avant une première hospitalisation, le taux d’exacerbation, le taux d’hospitalisation, la qualité de vie, l’anxiété/dépression et le statut fonctionnel sur le long terme.
Commentaire :
Au niveau des co-morbidités : 31% des patients du « groupe O2 » et 33% des patients du « groupe contrôle » avaient des pathologies cardio-vasculaires. Nous n’avons pas d’analyses de sous-groupe pour cette population de patients. Ces analyses seront publiées dans un autre article ultérieurement.
Il semblerait que la désaturation modérée à l’effort (> à 80%) n’a pas d’incidence sur la mortalité (Hazard ratio 0.95 (0.73, 1.24) p = 0,71).
La prescription d’O2 semble donc être réservée seulement pour les patients avec une hypoxémie sévère (PaO2 < 7,4 kPa au repos ; SpO2 < 89%). Une étude de cohorte récemment publiée dans Plos One sur 2 249 patients met en évidence qu’une prescription d’O2 24h/24 dans cette population de patient n’apporte pas plus de bénéfice sur la mortalité qu’une prescription 15h/24. Malheureusement, cette étude n’est pas randomisée contrôlée…
Références :
The Long-Term Oxygen Treatment Trial Research Group. A Randomized Trial of Long-Term Oxygen for COPD with Moderate Desaturation. The New England Journal of Medicine. 2016 ; 375;17, 1617-1627
Ahmadi Z, Sundh J, Bornefalk-Hermansson A, Ekström M. Long-Term Oxygen Therapy 24 vs 15 h/day and Mortality in Chronic Obstructive Pulmonary Disease. PLoS One. 2016 20;11(9)