Addis Abeba en Ethiopie ouvre son premier Doctorat en Kinésithérapie
L’écart entre la formation initiale en Kinésithérapie en France et celle universitaire dans d’autres pays continue à se creuser.

La France est le dernier pays en Europe à ne pas avoir sa formation initiale reconnue à un niveau universitaire (malgré les accords de Bologne signés par la France, qui nous engageait à le faire avant 2010). Au-delà du niveau demandé pour pouvoir exercer la profession de Kinésithérapie, c’est surtout le parcours universitaire qui est important. Car c’est une manière de proposer une carrière professionnelle, avec plusieurs niveaux de débouchés et différents types de masters ou doctorats (sciences, professionnels, cliniques, etc.).

L’Ethiopie vient d’ouvrir grâce à un partenariat avec les USA une formation de Doctorat professionnel en Kinésithérapie.
Pour le développement du pays, cela est considéré comme une avancée.

Le Népal propose également 4 ans d’étude universitaire et des parcours post-gradués.

Au-delà de la comparaison, il est à noter que les pays développés universitaires améliorent la qualité de la prise en charge de leurs patients et sont aussi demandés dans différents pays pour l’enseignement (partenariat sur des modules, projet d’échanges, etc.) et pour la recherche. Cela contribue à développer l’économie du marché académique et apporter des fonds pour les pays qui développent leurs échanges.

Afin de mieux clarifier certains points voici une liste de 10 points pour montrer comment la France s’éloigne des pays développés :

1. France : Le Ministère de la Santé gère les décisions sur l’enseignement en Kinésithérapie.
Les pays développés gèrent l’enseignement de la formation des professions de santé avec le Ministère de l’enseignement supérieur exclusivement. Date de réalisation identifiée : 1980.

2. France : diplôme d’exercice.
Les pays développés proposent des "degrés de formation" dans un parcours universitaire LMD. On ne parle plus d’années d’études mais de niveau (degré) universitaire. Les supports de cours sont structurés par des équipes pédagogiques. Ils accompagnent tous les cours magistraux et tous les travaux pratiques (support à compléter par les étudiants individuellement). L’Evidence Based Practice permet d’arbitrer les points critiques de l’enseignement et d’exclure périodiquement du contenu du programme d’enseignement. Date de réalisation identifiée : 1980 (1997 pour l’intégration de l’EBP à tous les enseignements).

3. France : pas d’examen national.
Les pays développés demandent en plus de la formation universitaire (obtention de la Licence ou du Master ou du Doctorat) la réalisation d’un examen national qui permet en fonction de ses résultats le droit d’exercice (aux USA, les notes permettent l’exercice dans tel ou tel Etat). Cela permet aux université un étalonnage sur certaines acquisitions.

4. France : pas d’accréditation de la formation.
Les pays développés ont une évaluation externe spécifique (Accréditation avec un référentiel d’évaluation propre à la Kinésithérapie) ou générale (Accréditation avec un référentiel standard). Date de réalisation identifiée pour une accréditation spécifique : 1997 (Australie), antérieure pour les USA.

5. France : sélection par concours privé/université.
Les pays développés donnent l’accès à la formation par une voie rapide (le niveau des notes au baccalauréat) et une voie plus longue (passerelle après l’obtention d’un niveau Licence ou Master). Lorsque la demande est très élevée, le niveau d’enseignement de la kinésithérapie, se décale vers les cycles universitaires plus élevés (Master, Doctorat). Cela revient à effectuer une sélection tout au long du parcours. Date de réalisation identifiée : Doctorat pour exercer aux USA en 2020 dans tous les Etats.

6. France : uniformisation nationale de l’enseignement.
Les pays développés proposent dans leur pays différentes approches en donnant de l’autonomie aux universités pour gérer le projet pédagogique. Certaines réalisent des formations structurées autour de la résolution de problèmes, d’autres vont accentuer l’enseignement sur le parcours individuel de l’apprenant, etc. Les modalités de sélection peuvent être différentes dans un même pays. Date de réalisation identifiée : depuis toujours.

7. France : Le mémoire de fin d’étude est le plus souvent un cas clinique.
Les pays développés réalisent des travaux dont certains font l’objet de publication. Les axes de travail sont du niveau universitaire demandés (étude clinique, revue de littérature structurée, thèse) et publiés en anglais (même lorsque ce n’est pas la langue maternelle) à partir du niveau master. Date de réalisation identifiée : 1980.

8. France : les enseignants en formation initiale sont parfois des diplômés universitaires.
Les pays développés ont tous leurs enseignants en kinésithérapie à temps plein avec un doctorat universitaire au sein de l’université. Ces enseignants coordonnent et mettent à jour le cursus. Les intervenants externes qui enseignent des compétences spécifiques sont recrutés et intégrés dans le projet pédagogique de l’établissement. Date de réalisation identifiée : années 90.

9. France : L’encadrement des stages cliniques se fait avec une personne ayant un diplôme de cadre de santé (parfois rien).
Les pays développés ont des formations spécifiques de "superviseurs" pour gérer les étudiants en formation clinique. Le superviseur doit mettre en place une stratégie d’obtention de compétences spécifiques en relation avec le niveau de l’étudiant. Le contact avec le patient ne peut s’effectuer que lorsque certaines compétences sont considérées comme acquises.

10. France : formation continue privée et quelques diplômes universitaires.
Les pays développés ont l’intégralité (reconnue) de la formation continue gérée par l’Université avec un parcours LMD varié en fonction des orientations de l’Université. Date de réalisation identifiée : années 90.

Commentaires.
Il n’est pas question d’entrée dans des considérations de rapport de force pour dire, nous sommes moins bons ou nous sommes meilleurs. Chaque pays s’adapte à son propre contexte et les individualités réalisent des prouesses pour s’adapter aux contraintes externes. Il est raisonnable de constater qu’il existe un mouvement international d’échanges, de partage et de structuration de l’enseignement des professions de santé.
Une mondialisation est en cours avec des changements de modalités d’enseignement et des partenariats inter-pays. L’enseignement universitaire survie aux individualités. Si l’on reformule différemment, il ne dépend plus des "bons enseignants" présents dans la structure d’enseignement (lorsqu’il l’a quitte ces enseignants font chuter le niveau).
Si vous prenez l’avion, demandez-vous le nom du pilote ou le nom de la compagnie aérienne ?

En terme de reconnaissance internationale, l’universitarisation complète de la formation en kinésithérapie en France est un objectif à atteindre. Date de réalisation attendue : XXXX.