Artères et rachis cervical: voir les choses autrement.
En 2009, Roger Kerry et Alan J. Taylor ont écrit dans le JOSPT une mise au point sur les artères cervicales et le risque associé en thérapie manuelle.

Premièrement, ils mettent l’accent sur le fait qu’il n’y a pas que l’insuffisance vertébro-basilaire (IVB) à prendre en compte. Il existe d’autres pathologies de l’artère.

De plus, on fait souvent référence à l‘artère vertébrale mais il ne faut pas oublier le système antérieur avec les artères carotides internes.

C’est pourquoi ils parlent de dysfonctionnement artériel cervical ce qui ne réduit pas cela à l’artère vertébrale et l’IVB.

Les auteurs pensent qu’il ne faut pas réduire notre approche à se demander si notre manipulation va entrainer un accident mais raisonner avec toutes les données disponibles (cliniques et expérimentales) pour aboutir à une prise de décision, être capable de faire un diagnostic différentiel de pathologie artérielle.

Les auteurs illustrent ce papier avec 2 cas cliniques.

Il en ressort plusieurs points importants:

-La prévalence de dysfonction artérielle cervicale (CAD) est inconnue mais est, selon les auteurs, basse.

-Une pathologie artérielle cervicale peut imiter des symptômes musculo-squelettiques (douleur cervicale, maux de têtes…).

-Le vertige d’origine vasculaire ne se manifeste pas comme un vertige franc, apparaît avec la rotation cervicale et ne s’améliore pas au mouvements répétés (contrairement au vertige d’origine non-vasculaire).

-Une CAD ne se manifeste rarement que part un seul signe ou symptôme.

-La pathologie artérielle se décompose le plus souvent en 2 phases. Une non-ischémique, qui si le processus pathologique continue, se transforme en phase ischémique.

-L’hypertension est positivement corrélée à la présence de pathologie artérielle cervicale.

-Il existe aussi d’autres facteurs de risque de pathologie artérielle qui sont entre autres: hypercholestérolémie, hyperlipidémie, traumatisme, maux de têtes, tabagisme, diabètes.

-De nombreuses études sur le flux sanguin ont montré une réduction du flux dans l’artère vertébrale controlatérale à la rotation (études sur des sujets sains…).

-Les tests diagnostics de l’insuffisance vertébro-basilaire ont une spécificité et une sensibilité faible et variable, rendant leur utilité pratique relative. De plus, un test négatif ne signifie pas l’absence de pathologie.

-La mesure de la pression artérielle est un élément clé pour se faire une idée de l’état hypertensif du patient (pouvant aussi être du à traumatisme vasculaire aigu).
Cependant la présence d’hypertension et de douleur cervicale n’est pas l’objet systématique de drapeau rouge. Le véritable risque dépend de la coexistence de plusieurs facteurs.

-Les tests d’intégrité des nerfs crâniens devrait aussi faire partie de l’examination pour les pathologies artérielles cervicales.

-L’évaluation du flux sanguin artériel cervical doit ou peut faire partie de l’examen (les auteurs ont développé une sorte de « stylo » doppler…).

-C’est l’analyse du rapport bénéfice risque qui doit influencer notre décision. La présence de signes ou symptômes vasculaires n’est pas forcément une contre-indication au traitement.

Les auteurs résument les tests, leur utilité clinique, leur validité dans un tableau et mettent en avant 9 recommandations clés pour la profession.

Pour y accéder et pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article dans son intégralité.

A noter, que Roger Kerry s’est exprimé sur ce sujet au dernier congrès IFOMPT à Québec au mois d’octobre dernier.
Il devrait être présent avec son compère en France en 2013.