Une étude récente (1) a cherché à savoir si la localisation de ces stimuli pouvaient influencer le type d’adaptation. Elle a donc comparé les effets de stimulations nociceptives répétées appliquées soit aux mêmes zones cutanées (« specific sites ») soit à des zones différentes (« non specific sites »).
100 participants sains (sans désordre douloureux, psychiatrique ou neurologique et sans prise d’analgésique le jour du test) ont participé à cet essai. Les stimuli nociceptifs étaient thermiques : 24 stimuli d’une durée de 11 secondes chacun ont été appliqués à 8 localisations de l’avant bras gauche de chaque participant. Les sites étaient séparés d’un cm environ. Chaque partie de peau stimulée recevait des stimuli d’intensité basse (41-43°), moyenne (44-46°) et haute (47-49°). Il y avait au total 3 séries de 8 stimulations (chaque site était stimulé dans chaque série). Les participants évaluaient leur douleur à l’aide d’un système informatique 2s après chaque stimulation (NRS 0-100).
Résultats :
– Pour les stimulations nociceptives répétées appliquées aux mêmes zones cutanées : on observe un effet linéaire négatif avec un abaissement de la douleur pour des stimulations répétées entre 41-47°, rien à 48° et augmentation de la douleur à 49°.
– Pour les stimulations nociceptives répétées appliquées à des zones cutanées différentes : on retrouvait un processus de sensibilisation (hausse des douleurs) mais uniquement dans la première série.
– Les stimuli les plus intenses produisaient les habituations des sites spécifiques et les sensibilisations des sites non spécifiques les plus grands.
En résumé : les stimuli appliqués à un seul endroit de la peau engendraient une habituation alors que ceux qui étaient appliqués sur plusieurs sites aboutissaient à un processus de sensibilisation. Les stimuli étant espacés de 20 s et la sensibilisation n’étant pas corrélée à la distance entre les sites de stimulation successifs, ces résultats ne semblent pas pouvoir s’expliquer par des processus de sommation temporelle ou spatiale.
Commentaires AK
Le modèle assume que chaque fois qu’un sujet est touché par un stimuli thermique, sa sensibilité est mise à jour dynamiquement. Donc la perception qu’il aura lors de la stimulation suivante sera dépendante des stimulations reçues et de leurs intensités. Du coup les processus sites spécifiques et sites non spécifiques ont des effets qui peuvent s’additionner ou se soustraire suivant leur direction.
Si ce modèle se vérifie, il risque d’impacter fortement le domaine clinique mais aussi la recherche expérimentale. De nouvelles études devraient permettre d’y voir un peu plus clair…
Références
Abstract par ici
(2) Legrain V, Iannetti GD, Plaghki L, Mouraux A. The pain matrix reloaded: a salience detection system for the body. Prog Neurobiol. 2011 Jan;93(1):111-24.
(3) Iannetti GD, Hughes NP, Lee MC, Mouraux A. Determinants of laser-evoked EEG responses: pain perception or stimulus saliency? J Neurophysiol. 2008 Aug;100(2):815-28.
(4) Legrain V, Bruyer R, Guérit JM, Plaghki L. Nociceptive processing in the human brain of infrequent task-relevant and task-irrelevant noxious stimuli. A study with event-related potentials evoked by CO2 laser radiant heat stimuli. Pain. 2003 Jun;103(3):237-48.