Un peu d’autocritique n’a jamais fait de mal à personne. Si vous lisez des essais cliniques et si vous tentez d’interpréter leurs résultats, les expliquer à des confrères ou les transposer à votre pratique de terrain, il faut veiller à ne pas tomber dans quelques pièges classiques récapitulés sur le blog the Conversation. Vous pouvez être certain d’avoir commis au moins une fois une des 10 boulettes répertoriées dans les notes qui vont suivre : 10 erreurs en 10 semaines sur ActuKiné : en voiture !!!

Boulette n°9 : « Le contexte compte ! »

Cette semaine, alors que je n’avais aucune idée sur la manière de vous vendre un billet sur l’importance du contexte pour interpréter une étude, le gouvernement et l’Académie Française me sont venus en aide… preuve qu’ils servent surement à quelque chose !!!

En descendant les escaliers de mon immeuble, je passe devant un petit écriteau laissé par ma voisine, Madame Poney, toujours à cheval sur l’orthographe car ancienne prof de français, stipulant : "Merci de laisser le colis de produits amincissants au voisin, je suis partie me faire un petit jeune".

Stoïque, je m’interroge sur cette petite phrase : jeune ou jeûne ? Humour ou humeur ? Croissant ou baguette ? …

Sans accent circonflexe, la phrase de ma voisine est grammaticalement juste. Si on assimilait cette phrase à une étude clinique, on pourrait dire qu’elle est valide. C’est un peu ce qu’on fait quand on analyse la validité interne d’une étude, c’est-à-dire analyser sa méthode pour savoir si le résultat est fiable (réalité du résultat et absence de biais).

Avec un accent circonflexe la phrase aurait été également grammaticalement juste. Entre ces deux phrases (avec et sans accent), il n’y aurait eu finalement que le sens qui aurait différé ; si ces deux phrases étaient deux études cliniques avec des résultats fiables, leur différence viendrait de leur signification : la signification d’une étude implique la notion de cohérence externe, c’est-à-dire le fait qu’on compare sa signification (ses résultats) à celle d’autres études pour voir, par exemple, s’il y a corroboration.

Dans le cas de cette phrase et, connaissant ma voisine (une dame de 77 ans plutôt « rangée »), le sens (le résultat de l’étude) ne parait pas s’intégrer dans un cadre logique : la cohérence externe est faible car les dames de 77 ans sont en moyenne assez sages (cougars exceptés).

Vous devinez maintenant comme le contexte peut impacter votre manière d’interpréter une étude.

Vous n’avez rien compris, vous faîtes votre mauvaise tête, vous êtes une dame de 77 ans au regard tendancieux ? Pas de panique, l’exemple qui suit est moins tiré par la crinière…

Il peut sembler logique d’être partisan du port du casque à vélo (sauf à la rigueur pour belle-maman). Si vous tombez, avoir un casque semble plutôt être avantageux. Mais en raisonnant à plus grande échelle, les choses se corsent. Ainsi, certaines recherches montrent qu’un sous-ensemble de la population choisira de ne pas faire de vélo à cause du port du casque (des footeux ne souhaitant pas être dépeignés ?) : donc en obligeant des individus à porter un casque pour leur santé, certains finiront par ne pas pédaler du tout ce qui… impactera leur santé, faisant du port du casque une loi impactant peut être négativement la santé publique !

COMMANDEMENT N°9 : « Sachez relativiser les résultats d’une étude et… les fotes d’orthograffes de la voisine ! »