Un peu d’autocritique n’a jamais fait de mal à personne. Si vous lisez des essais cliniques et si vous tentez d’interpréter leurs résultats, les expliquer à des confrères ou les transposer à votre pratique de terrain, il faut veiller à ne pas tomber dans quelques pièges classiques récapitulés sur le blog the Conversation . Vous pouvez être certain d’avoir commis au moins une fois une des 10 boulettes répertoriées dans les notes qui vont suivre : 10 erreurs en 10 semaines sur ActuKiné : en voiture !!!

Boulette n°7 : “Qualités et quantités ne sont pas synonymes… mais sont complémentaires”

Pour une raison inconnue, nous faisons souvent plus confiance aux chiffres qu’aux mots. Les chiffres paraissent être un gage de sérieux, d’objectivité, de rationalité : ils font office de preuve pour les non avertis. Nos amis les politiciens l’ont bien compris et adorent faire étalage de leur ignorance à longueur de débat.

Pourtant l’adage populaire dit bien qu’on peut faire dire "n’importe quoi" aux chiffres.

Le problème ne réside pas dans le chiffre ni dans le mot mais bien dans l’utilisation qu’on en fait. Dans le domaine médical, une approche purement quantitative n’est sans doute pas suffisante. Depuis plusieurs années les approches qualitatives semblent être très complémentaires pour tenir compte du caractère multidimensionnel de la prise en charge du patient.

Si tout cela vous laisse sans voix (et sauf si vous êtes Carla Bruni ou Étienne Daho), il suffit de vous plonger dans un bon vieux match de football de l’équipe de France pour tout comprendre. Soit deux joueurs fictifs pris au hasard dans cet effectif de danseuses : disons un attaquant et un milieu de terrain. Si l’on suppose que ces joueurs sont parvenus à trouver le bouton qui commande l’ouverture de la porte du bus et qu’ils en sont ensuite descendus pour disputer un match ensemble (avant d’être séparés par la justice pour une affaire de mœurs), nous pourrions analyser leurs statistiques respectives (analyse quantitative). Nous pourrions alors relever les excellentes statistiques suivantes :

– Pour l’attaquant : 68 ballons touchés, 3 perdus, 17 tirs dont 12 cadrés, 3 buts : des statistiques excellentes qui… mince je me suis trompé de fiche, c’est celle de son club (l’endroit où il touche beaucoup d’argent et où le facteur motivationnel contredit mon argumentation). Passons à l’exemple suivant, désolé ;

– Pour le milieu : 94 ballons touchés, 4 perdus, 97% de passes réussies, 7 tirs dont 6 cadrés, 1 but. Là, si vous n’aviez pas vu le match, vous pourriez vous dire que les statistiques de ce joueur sont fantastiques. Le problème c’est que vous l’avez regardé (pas la vidéo cochonne perso du joueur, le match!)… et vous avez encore en tête quelques images comme le festival international de roulades en hurlant de douleur valant bien un ou deux Razzie Award, le peu de ballons perdus par manque de prises de risques (il est difficile à 11 contre 8 de rater des passes vers son propre gardien), les occasions gâchées par des frappes de pupille n’ayant jamais inquiété le gardien adverse (mais comptant pour des tirs cadrés), etc. Et que dire du seul but marqué de la rencontre… et contre son camp (dommage c’était de la tête pour une fois qu’il s’en servait).

Bref, un bel exemple montrant qu’une analyse purement quantitative ne suffit pas toujours à explorer correctement une problématique…

COMMANDEMENT N°7 : “Méfiez-vous des chiffres : principalement ceux figurant sur votre avis d’imposition et du 69 si vous êtes footballeur!”