Un peu d’autocritique n’a jamais fait de mal à personne. Si vous lisez des essais cliniques et si vous tentez d’interpréter leurs résultats, les expliquer à des confrères ou les transposer à votre pratique de terrain, il faut veiller à ne pas tomber dans quelques pièges classiques récapitulés sur le blog the Conversation. Vous pouvez être certain d’avoir commis au moins une fois une des 10 boulettes répertoriées dans les notes qui vont suivre : 10 erreurs en 10 semaines sur ActuKiné : en voiture !!!

Boulette n°10 : l’examen par les pairs : pas si su-pair ?!

L’existence de dieu est désormais scientifiquement prouvée puisqu’on peut mettre en évidence sa présence dans le cortex frontal du croyant à l’aide d’une IRMf… Ok, Peace and love !

Historiquement, un des problèmes majeurs de la religion est survenu quand d’autres humains, plus malins que leurs congénères, se sont auto-proclamés envoyés spécial de ce dieu et ont imaginé tout un tas de rituels et de textes pour dominer la race bipède. Du coup, les pauvres gars qui croyaient juste, dans leur petite trogne, en un super architecte d’intérieur ont dû reconnaitre aussi ces pseudo-associés condescendants, gourmands mais sans goût, et surtout, pas doués pour un sou (mais méprisants pour deux).

Mais pourquoi diable écouter les apôtres quand on peut se tourner directement vers dieu ? Et pourquoi écouter dieu alors qu’on peut se tourner directement vers son propre cortex préfrontal ? Bref, pourquoi les 2Be3 quand on avait déjà Rick Astley ?

La morale de cette fable est qu’il faut peut-être faire attention en plaçant des « intermédiaires » entre les Hommes et la Science : depuis quelques années, on présente souvent à tort l’examen par les pairs (le "peer-review") comme un gold-standard dans la recherche scientifique. Il consiste à demander à des chercheurs de juger de façon critique les travaux d’autres chercheurs. Les revues scientifiques possèdent des comités de lecture qui statuent pour savoir si le travail de recherche soumis pour publication est acceptable. Il est vrai que ces pairs ne sont pas les premiers venus et qu’ils permettent un écrémage des essais ayant une méthode très faible : ils sont sans doute incontournables… mais ces hommes n’en restent pas moins des hommes (à fortiori, des sortes de Marcel Patulacci en puissance) avec leurs croyances et leurs biais de jugement.

Ainsi, même si l’on suppose que ces examinateurs ne commettent jamais aucune erreur ou que les fraudes ou les biais dans les politiques de publication n’existent pas, le fait qu’un article soit publié dans une revue à comité de lecture signifie simplement qu’il est prêt à être soumis à la communauté de lecteurs (un public fait d’experts, de scientifiques, de curieux ou encore de Jean Louis Estrade, une espèce AOC mi-homme mi-robot capable d’écrire sans discontinuer au-delà de la durée de vie moyenne d’un stylo bic) pour être critiqué, reproduit, affiné, etc.

L’examen par les pairs ne fournit aucune garantie absolue et ne constitue que le début de la vie d’une étude, pas son aboutissement !

COMMANDEMENT N°10 : “Oh oui, des Pairs et des Sains-Esprits !”