Entre deux baignades estivales, prenez donc quelques minutes pour lire Actukiné à l’ombre du parasol.

Aujourd’hui, je sors moi-même de l’eau (j’ai pris des vacances interminables pour me rapprocher au maximum de mes amis lecteurs) pour vous présenter un petit article d’un blog très bien fait . Il fait écho à un autre article de synthèse du Dr Tasha Stanton à propos de 5 mythes communs concernant la douleur de nos patients.

Pour rappel, nos patients ne devraient pas croire que :
1/ La douleur est un truc qui se passe uniquement dans leur tête
2/ Les médicaments sont la seule chose capable de les aider
3/ Plus leurs dommages tissulaires sont importants et pire est leur douleur
4/ Il faut qu’ils passent des examens poussés pour découvrir la source de leur douleur
5/ Il faut qu’ils restent imperturbables à la douleur pour la contrer

Mais comment expliquer tout cela au patient efficacement et sans le brusquer… pas simple surtout qu’il n’existe pas de recette miracle. Les 10 astuces suivantes devraient pouvoir nous aider !

Astuce 6 : ne pas oublier de vérifier que le patient ait bien compris !

De la même façon que vous re-testez votre patient après avoir appliqué une technique manuelle pour évaluer sa pertinence, il faut vérifier que l’information donnée a bien été comprise du sujet et que celui-ci ne rentre pas à la maison avec un "virus cognitif".

Concrètement : Kieran O’Sullivan conseille aux thérapeutes de poser la question suivante à leur patient : "qu’est-ce que vous diriez à vos proches (famille, amis) sur ce que je vous ai expliqué aujourd’hui à propos de votre douleur ?"

Astuce 7 : laisser les recettes magiques à Panoramix !

Tous les patients sont différents, même les jumeaux. Ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas toujours pour l’autre. Il faudra sans cesse s’adapter et faire preuve de créativité. Pour Tim Beames, un des facteurs limitant en traitement (efficacité, compliance, etc.) est le manque d’imagination du thérapeute.

Concrètement : si Milton Erickson avait sa loi des trois O, n’hésitez pas à appliquer généreusement la "loi du Tony Micelli" (phonétiquement EO,OE*) pour "écouter, observer, observer, écouter". Plus vous en saurez sur votre patient et plus il sera facile d’utiliser les stratégies de communication qui lui conviennent.

Astuce 8 : il faut du temps, mais avons-nous le cœur assez grand !**

Le changement n’est jamais pour maintenant contrairement à des petits malins qui ont tenté de vous le faire avaler. Il faut du temps, il faut essayer, il faut répéter.

Concrètement : donner du temps au patient pour qu’il repense à ce qui s’est dit en séance en lui demandant par exemple de vous réexpliquer ce qu’il a retenu lors de la séance suivante ; proposer lui de poser des questions, fournissez lui des ressources (web, documents, etc.). Essayez aussi de travailler avec un réseau de professionnels tenant le même discours pour renforcer votre travail.

Astuce 9 : mon cerveau + ma bouche + … mes mains !

Un sage qui a voulu garder l’anonymat a dit un jour : "vous ne pouvez pas convaincre un tissu d’être plus permissif" ; en revanche, il est possible de convaincre le patient de choisir l’action pour que ses tissus deviennent plus permissifs au fil du temps. Plus clairement, le fait qu’un patient comprenne que son corps est en bon état de fonctionnement et qu’il n’est pas aussi fragile qu’il le pense, ne confère pas à ses tissus une tolérance instantanée lui permettant de bouger sans douleur.

Concrètement : votre cerveau et votre bouche ont fait la première partie du travail ; la seconde est d’utiliser vos mains et vos connaissances pour ré-entrainer le patient à bouger ; une assistance manuelle (mobilisation passive classique, Mulligan concept, etc.) peut constituer un outil précieux mais non systématique pour atteindre cet objectif.

Astuce 10 : enquiquiner le monde à l’exposant 10 !

Rester dans son coin avec ses connaissances et ses lectures n’aident personne. Il faut échanger, lire, dire des âneries, s’en rendre compte, lire, changer, lire, écouter les autres qui lisent, lire, etc. Sans appui médiatique pour relayer des informations modernes sur la douleur, il faudra des siècles à ces idées pour atteindre les oreilles du grand public.

Concrètement : Il est fortement conseillé d’aller poster des arguments étayés de preuves un peu partout dans les médias*** pour commencer à changer leur vision préhistorique du phénomène douloureux : bien du travail en perspective !

Note terminée, extinction de l’ordinateur et hop, je retourne piquer une tête en attendant la rentrée !

*les connaisseurs apprécieront
**avec l’aimable participation de Mr Pascal Aubistrot
***PS : n’oubliez pas non plus les sites des vendeurs de camelote placebo à destination des professionnels de santé