L’expérience se déroulait sur deux sessions séparées d’environ 2 semaines. Deux zones du bras étaient repérées à la fois sur le bras réel et sur le bras factice et allaient servir à appliquer les deux types de crème ; on utilisait une thermode au bras réel et une thermode factice (les deux émettaient une lumière rouge) au niveau du bras factice. Chaque session comportait 14 blocs de stimulations thermiques séparées en trois phases (pré-conditionnement, conditionnement et post-conditionnement). Les mesures étaient réalisées à certains moments des blocs. Durant la phase de pré-conditionnement, la thermode délivrait une stimulation provoquant une intensité douloureuse perçue à 60/100. En phase de conditionnement les auteurs utilisaient les crèmes : il était expliqué aux sujets que l’une était un puissant analgésique alors que l’autre était neutre ; les stimulations étaient ensuite répétées mais on baissait la stimulation à 30/100 dans les cas de stimulation avec la crème réputée analgésique (répété sur 6 blocs). Enfin, en phase de post-conditionnement, les mêmes stimulations qu’en phase de prétraitement étaient utilisées.
75 % des participants ont ressenti un sentiment d’incarnation du membre factice en condition synchrone et 55% ont perçu une douleur sur le membre factice. Les résultats montrent que l’intensité et le caractère déplaisant de la douleur diminuent au niveau du site sur lequel a été placé le placebo alors qu’ils augmentaient au site contrôle (lorsqu’on compare les conditions de prétraitement et de post-traitement) mais seulement dans le cas où les stimulations visuo-tactiles du RHI étaient synchrones.
Les auteurs font remarquer que comme les effets sont spécifiques du site de traitement placebo en condition synchrone uniquement, il ne semble pas possible que l’analgésie provienne du RHI lui-même ou encore de l’impact visuel/attention portés sur la thermode car dans ces cas, il aurait dû y avoir une baisse de la douleur au niveau du site contrôle. Ce travail souligne donc l’impact de l’incarnation (embodiment) dans la genèse de l’analgésie par placebo. Les auteurs évoquent l’intérêt de comprendre plus précisément cette possible relation pour pouvoir en tirer des retombées cliniques dans le cadre des pathologies où la conscience corporelle est altérée (lombalgie chronique, SDRC, etc.).
Références