Sherrington et al. ont posé 2 questions :
- Quelle est la prévalence des troubles locomoteurs 3 mois après prise en charge en service de rééducation gériatrique ?
- Est-ce qu’un outil clinique peut prédire quelles personnes auront une expérience de troubles locomoteurs 3 mois après la fin des soins ?
Méthodes
Type d’étude
Prospective, de cohorte.
Les données ont été collectées dans 2 hôpitaux de Sydney.
Population
Inclusion : Tous les patients en service de rééducation gériatrique entre août 2005 et avril 2007.
Exclusion : Patients médicalement instables ou ne comprenant pas bien l’anglais (pas d’interprète disponible).
Facteurs étudiés et critères de jugement
La co-morbidité, la perception des patients à pouvoir marcher 800m ou monter les escaliers ont été évaluées à l’entrée.
Dans les 48 heures précédent le départ du patient, différents facteurs ont été étudiés. L’état cognitif par le MMSE, la douleur, les contrastes visuels, la force isométrique des extenseurs du genou, l’équilibre par le temps maintenu sans aide d’une des positions décrites avec un maximum de 10 sec et par une plateforme, le nombre de marches montées en 15 sec (hauteur 7cm), la marche (Timed-Up and Go, vitesse de marche), sensation de stabilité (médiocre à passable).
Le critère principal était la capacité à marcher 800m sans aide ou à monter les escaliers. Chaque semaine durant les 3 mois après leur départ, les patients ont été interrogés par téléphone sur leur capacité à réaliser ces 2 activités.
Etude de la population
1227 patients ont été admis, 785 exclus (avec explication de leur départ de l’étude). 442 patients ont été inclus mais 426 ont été évalués. Les caractéristiques de la population sont décrites dans le Tableau 1 de l’article.
Une semaine après leur départ du service, 68 % des patients n’étaient pas capables de réaliser sans aide les 2 activités (marche, escaliers). 3 mois après, 59 %.
Outil clinique prédictif
L’utilisation du modèle à 15 variables permet d’obtenir une aire sous la courbe (AUC = area under curve) de 0,81 contre 0,79 pour l’utilisation d’un modèle à 5 variables (NDLR : 1 représente la valeur maximale).
Ces 5 variables sont la présence troubles médicaux associés (co-morbidités), une atteinte de la fonction d’équilibration (maximal balance range test score), de faibles contrastes visuels, la force des extenseurs du genou, une incapacité à réaliser les 2 activités lors de l’admission.
Le modèle choisit par Sherrington et al. ainsi que la règle de prédiction clinique sont détaillées dans la figure ci-jointe. L’aire sous la courbe de ce modèle est de 0,77.
Limites de l’étude reconnues par les auteurs
Courte période de suivi des patients.
D’autres facteurs prédictifs auraient pu être définis si d’autres tests avaient été réalisés.
La population de l’étude représentait moins de 50 % de celle potentiellement présente dans les services de rééducation gériatrique.
Cet outil de prédiction doit maintenant être validé en externe.
Commentaires d’Actukiné :
La méthodologie et les limites de l’étude sont clairement définies.
Cette règle de prédiction clinique constitue un outil supplémentaire permettant de mieux cibler la prise en charge des personnes âgées.
En se basant sur la même population, Sherrington et al. ont défini une règle de prédiction de chutes après rééducation. Sur le même sujet, les recommandations de la HAS.
Référence de l’article : Sherrington C, Lord SR, Close JCT, Barraclough E, Taylor M, Cumming RG, Herbert RD (2010) Mobility-related disability three months after aged care rehabilitation can be predicted with a simple tool: an observational study. Journal of Physiotherapy 56: 121–127. Article en accès libre.