Souvenez-vous : dans le Rubber Hand Illusion, en touchant la main réelle du sujet simultanément à la main factice on induit une appropriation par le sujet de la main en plastique.

Une équipe s’est posée la question de savoir si les caractéristiques du toucher pouvaient influencer cette illusion (1).

Dans une première expérience, on investiguait les effets de la vitesse du toucher (3cm/s Vs 30 cm/s) et du type de toucher (brosse à poil doux Vs objet en plastique dur) sur le RHI. Dans une seconde expérience, on rajoutait une condition vitesse lente (0,3cm/s) aux deux précédentes conditions de vitesse associées à un toucher doux soit du côté ventral de la main (glabre) soit du côté dorsal (présence de poils). Comme toujours, on retrouvait des conditions de toucher synchrones et asynchrones, un questionnaire sur l’intensité de l’illusion et la réalisation d’une tâche proprioceptive pour pouvoir correctement mesurer l’importance de l’illusion. Un questionnaire demandant aux sujets d’évaluer le caractère agréable du toucher complétait les instruments de mesure.

Le toucher doux de vitesse moyenne ( »toucher plaisant » – 3cm/s) appliqué sur le dos de la main (côté velu) provoquait l’illusion la plus importante (vérifiée par tâche proprioceptive et écart de température des mains). Notez que les vitesses de 0,3 et 30 cm/s ne différaient pas statistiquement en terme de rendu d’illusion donc que la durée de stimulation (c’est à dire la durée de congruence visuo-tactile) n’avait pas d’impact sur l’illusion (temps total de stimulation par condition : 0,3cm/s = 88s ; 3cm/s = 60s ; 30cm/s = 15s).

La représentation corporelle est donc plus fortement influencée par un toucher plaisant. Les fibres C tactiles ne sont présentes que du côté velu et pourraient expliquer ces résultats en plus de la priorisation émotionnelle des informations somatosensorielles.

Une implication clinique majeure évoquée par les auteurs concerne le toucher thérapeutique notamment dans les cas de somatoparaphrénie et plus généralement dans les asomatognosies (2). Il semble également possible d’utiliser une technique similaire pour améliorer l’appropriation du membre prothétique chez l’amputé (3).

Références

(1) Van Stralen HE, van Zandvoort MJ, Hoppenbrouwers SS, Vissers LM, Kappelle LJ, Dijkerman HC. Affective touch modulates the rubber hand illusion. Cognition. 2014 Apr;131(1):147-58.
Lien vers l’abstract

(2) Van Stralen HE, van Zandvoort MJ, Dijkerman HC. The role of self-touch in somatosensory and body representation disorders after stroke. Philos Trans R Soc Lond B Biol Sci. 2011 Nov 12;366(1581):3142-52.
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(3) Ehrsson HH, Rosén B, Stockselius A, Ragnö C, Köhler P, Lundborg G. Upper limb amputees can be induced to experience a rubber hand as their own. Brain. 2008 Dec;131(Pt 12):3443-52.
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