Face à cette diversité de résultats, l’objectif de l’étude d’Osumi et al. (5) était d’identifier les facteurs pouvant influencer la modulation de la douleur par VDBS.
44 sujets sains ont participé à cet essai. Après une période où chaque sujet observait son membre dans le miroir (10min), on mesurait l’acuité tactile par TPD (Two Point Discrimination Test) et les seuils de perception douloureux par stimuli thermiques (utilisons l’abréviation PTT pour plus de commodités) appliqués en face dorsale de la main (méthode des limites). Ces tests étaient ensuite répétés dans deux conditions : l’une sous visualisation du membre en taille réelle (mirror box classique) et l’autre en taille magnifiée (mirror box modifiée X2). On complétait ces évaluations par l’administration de questionnaires scorant l’intensité de l’illusion, les changements possibles dans la perception et les réactions émotionnelles liées à l’illusion ainsi que deux questionnaires évaluant la conscience corporelle (BSQ – Body Shape Questionnaire et BAQ –Body Attitudes Questionnaire). Pour étudier les facteurs associés avec les changements de PTT sous condition magnifiée, les participants ont été classés en deux groupes (PTT haut et PTT bas sous condition magnifiée/condition normale).
Les individus avec des PTT hauts ressentaient statistiquement moins de sensations déplaisantes que ceux ayant des PTT bas ; leurs perceptions somato-sensorielles étaient plus intenses sous condition de vision magnifiée avec un TPD statistiquement plus petit. Les sujets avec des PTT bas avaient une impression plus négative de l’image de leur membre en condition magnifiée par rapport à la condition réelle.
Certains sujets peuvent donc obtenir de l’amélioration sur la douleur (association avec des perceptions somato-sensorielles plus vives) sous visualisation magnifiée, alors que d’autres verront leur douleur augmenter (association avec des réactions émotionnelles négatives/conscience corporelle négative). Ces résultats suggèrent que l’état de conscience corporelle est important dans la modulation de la douleur sous VDBS.
Implication clinique :
Si vous vous demandez à quoi tout ceci peut bien servir en physiothérapie, jetez un œil aux travaux des équipes qui planchent sur le MIRAGE
Références
En accès libre ici
(2) Ramachandran VS, Brang D, McGeoch PD. Size reduction using Mirror Visual Feedback (MVF) reduces phantom pain. Neurocase. 2009 Oct;15(5):357-60. doi: 10.1080/13554790903081767. Epub 2009 Aug 3.
Abstract ici
(3) Mancini F, Longo MR, Kammers MP, Haggard P. Visual distortion of body size modulates pain perception. Psychol Sci. 2011 Mar;22(3):325-30. doi: 10.1177/0956797611398496. Epub 2011 Feb 8.
Abstract ici
(4) Diers M, Zieglgänsberger W, Trojan J, Drevensek AM, Erhardt-Raum G, Flor H. Site-specific visual feedback reduces pain perception. Pain. 2013 Jun;154(6):890-6. doi: 10.1016/j.pain.2013.02.022. Epub 2013 Mar 1.
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(5) Osumi M, Imai R, Ueta K, Nakano H, Nobusako S, Morioka S. Factors associated with the modulation of pain by visual distortion of body size. Front Hum Neurosci. 2014 Mar 20;8:137. doi: 10.3389/fnhum.2014.00137. eCollection 2014.
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