Introduction
Une force musculaire et une puissance diminuées sont très souvent rencontrées chez le patient neurologique. Les exercices souvent utilisés pour améliorer la force musculaire sont des exercices concentriques [1].
Ce type d’exercices ne reproduit pourtant pas nécessairement les mouvements réalisés dans la vie quotidienne, comme par exemple la marche [1,2].
D’ailleurs, une revue récente a mis en évidence un effet modéré de l’entraînement "tâche spécifique" aux membres inférieurs pour améliorer la marche [3], sans doute parce que les exercices proposés dans les études ne correspondent pas à l’activité de marche, ne sont pas tâche spécifique (voir l’article d’Actukiné sur le sujet) [4].
Exemple : les fléchisseurs plantaires se contractent de manière concentrique, très rapidement (200°/sec) durant une très courte période (0.2 sec) entre 5° de flexion dorsale et 20° de flexion plantaire juste avant le décollement des orteils à la fin de la phase d’appui [5,6].
Les exercices balistiques ont déjà démontré leur intérêt chez le sportif pour améliorer non seulement la force mais l’intensité de celle-ci pour produire des mouvements brefs et rapides [7].
Pour rappel, les exercices pliométriques (appelés balistiques par les auteurs) correspondent à une contraction excentrique suivie d’une contraction concentrique avec l’objectif de faire l’activité le plus rapidement possible.
Ce type d’exercices ne reproduit pourtant pas nécessairement les mouvements réalisés dans la vie quotidienne, comme par exemple la marche [1,2].
D’ailleurs, une revue récente a mis en évidence un effet modéré de l’entraînement "tâche spécifique" aux membres inférieurs pour améliorer la marche [3], sans doute parce que les exercices proposés dans les études ne correspondent pas à l’activité de marche, ne sont pas tâche spécifique (voir l’article d’Actukiné sur le sujet) [4].
Exemple : les fléchisseurs plantaires se contractent de manière concentrique, très rapidement (200°/sec) durant une très courte période (0.2 sec) entre 5° de flexion dorsale et 20° de flexion plantaire juste avant le décollement des orteils à la fin de la phase d’appui [5,6].
Les exercices balistiques ont déjà démontré leur intérêt chez le sportif pour améliorer non seulement la force mais l’intensité de celle-ci pour produire des mouvements brefs et rapides [7].
Pour rappel, les exercices pliométriques (appelés balistiques par les auteurs) correspondent à une contraction excentrique suivie d’une contraction concentrique avec l’objectif de faire l’activité le plus rapidement possible.
Gavin Williams (physio australien) et son équipe ont réalisé une étude pilote afin de déterminer la faisabilité des exercices pliométriques chez le patient neurologique.
Méthode
11 patients neurologiques (8 TC, 2 blessés médullaire, 1 AVC) ont été recrutés. Ils étaient à plus de 6 mois de leur accident initial et étaient capables de marcher seuls en intérieur sans aide de marche (vitesse de marche spontanée 0.6 m/sec).
Les sujets devaient réaliser lors d’une seule séance 2 exercices dans 2 conditions différentes.
1) "Assis" sur presse horizontale : sur son membre inférieur le plus atteint, le patient doit pousser genou extension le plus fort possible pour réaliser une flexion plantaire. Les hanches sont en flexion lors de cet exercice (Figure n°1).
2) "Incliné" sur plan incliné : allongé sur une presse inclinée sans résistance, sur son membre inférieur le plus atteint, le patient doit faire le même mouvement. Les hanches sont en extension lors de cet exercice (Figure n°1).
Chaque exercice était réalisé soit de manière conventionnelle (sans décoller le pied du support), soit de manière balistique (avec une période sans contact du pied sur le support).
Après une répétition permettant de déterminer la 1RM, chaque participant a réalisé 2 essais d’entraînement avant de réaliser 2×5 répétitions à 50 % de la 1RM. La réalisation des exercices conventionnel vs balistique était en randomisée en bloc.
La hauteur et la vitesse d’exécution lors de la poussée étaient les critères d’évaluation.
Les sujets devaient réaliser lors d’une seule séance 2 exercices dans 2 conditions différentes.
1) "Assis" sur presse horizontale : sur son membre inférieur le plus atteint, le patient doit pousser genou extension le plus fort possible pour réaliser une flexion plantaire. Les hanches sont en flexion lors de cet exercice (Figure n°1).
2) "Incliné" sur plan incliné : allongé sur une presse inclinée sans résistance, sur son membre inférieur le plus atteint, le patient doit faire le même mouvement. Les hanches sont en extension lors de cet exercice (Figure n°1).
Chaque exercice était réalisé soit de manière conventionnelle (sans décoller le pied du support), soit de manière balistique (avec une période sans contact du pied sur le support).
Après une répétition permettant de déterminer la 1RM, chaque participant a réalisé 2 essais d’entraînement avant de réaliser 2×5 répétitions à 50 % de la 1RM. La réalisation des exercices conventionnel vs balistique était en randomisée en bloc.
La hauteur et la vitesse d’exécution lors de la poussée étaient les critères d’évaluation.
Résultats
Tous les patients ont pu réaliser les exercices. Aucun effet secondaire n’a été rapporté.
La hauteur de la poussée était statistiquement plus haute pour la condition balistique vs conventionnelle (11±3.89 (assis) et 12.4±4.09 cm (incliné) vs 6.3±2.63 (assis) et 7.74±4.12cm (incliné) quel que soit l’outil utilisé.
La vitesse était significativement plus élevée lors de l’exercice "assis" sur presse horizontale pour la condition balistique vs conventionnelle (38.22±8.71 m/s vs 42.29±9.79 m/s).
Tous les patients n’ont pas été capables de réaliser la phase de vol lors de la condition balistique.
La hauteur de la poussée était statistiquement plus haute pour la condition balistique vs conventionnelle (11±3.89 (assis) et 12.4±4.09 cm (incliné) vs 6.3±2.63 (assis) et 7.74±4.12cm (incliné) quel que soit l’outil utilisé.
La vitesse était significativement plus élevée lors de l’exercice "assis" sur presse horizontale pour la condition balistique vs conventionnelle (38.22±8.71 m/s vs 42.29±9.79 m/s).
Tous les patients n’ont pas été capables de réaliser la phase de vol lors de la condition balistique.
Discussion
La condition balistique permet d’obtenir une vitesse et une hauteur de saut plus élevées chez des patients neurologiques.
Cette modalité de renforcement semble faisable, même avec du matériel conventionnel (presse horizontale) chez le patient neurologique.
Cette modalité de renforcement semble faisable, même avec du matériel conventionnel (presse horizontale) chez le patient neurologique.
Commentaires Actukiné
C’est une étude pilote, sans groupe contrôle, qui permet de mettre en évidence l’intérêt d’une session d’exercices balistiques sur la vitesse d’exécution concentrique et la hauteur de saut chez des patients neurologiques marchant en intérieur sans aide technique (vitesse spontanée 0.6 m/s).
Elle ne permet pas de conclure à l’intérêt de faire des exercices balistiques pour améliorer la marche (indépendance, vitesse, endurance, cinématique) du patient neurologique.
Même si cette condition d’exercice se rapproche plus de la marche physiologique, il est important de rechercher l’efficacité sur la marche chez des patients marchants indépendamment en intérieur, mais peut-être aussi chez des patients marchant en intérieur avec une aide technique, en comparant presse horizontale et presse inclinée.
Les auteurs évoquent la prochaine étape à savoir une étude pilote évaluant la supériorité supposée des exercices balistiques vs conventionnels pour améliorer la puissance générée lors de la marche.
Elle ne permet pas de conclure à l’intérêt de faire des exercices balistiques pour améliorer la marche (indépendance, vitesse, endurance, cinématique) du patient neurologique.
Même si cette condition d’exercice se rapproche plus de la marche physiologique, il est important de rechercher l’efficacité sur la marche chez des patients marchants indépendamment en intérieur, mais peut-être aussi chez des patients marchant en intérieur avec une aide technique, en comparant presse horizontale et presse inclinée.
Les auteurs évoquent la prochaine étape à savoir une étude pilote évaluant la supériorité supposée des exercices balistiques vs conventionnels pour améliorer la puissance générée lors de la marche.
[Une étude pilote a débuté en 2013 pour une fin prévue en 2016]url: https://clinicaltrials.gov/ct2/show/study/NCT01958736
A suivre…
Référence de l’étude
Williams G, Clark RA, Hansson J, Paterson K: Feasibility of ballistic strengthening exercises in neurologic rehabilitation. Am J Phys Med Rehabil 2014;93:828Y833.
Références
[1] Sullivan KJ, Brown DA, Klassen T, et al: Effects of task-specific locomotor and strength training in adults who were ambulatory after stroke: Results of the STEPS randomized clinical trial. Phys Ther 2007;87:1580Y602
[2] Dodd KJ, Taylor NF, Shields N, et al: Progressive resistance training did not improve walking but can improve muscle performance, quality of life and fatigue in adults with multiple sclerosis: A randomized controlled trial. Multiple Sclerosis 2011;17:1362Y74
[3] van de Port IGL, Wood-Dauphinee S, Lindeman E, et al: Effects of exercise training programs on walking competency after stroke: A systematic review. Am J Phys Med Rehabil 2007;86:935Y51
[4] Williams G, Kahn M, Randall A: Strength training for walking in neurologic rehabilitation is not task specific: a focused review. Am J Phys Med Rehabil 2014;93:511Y522.
[5] Liu MQ, Anderson FC, Schwartz MH, et al: Muscle contributions to support and progression over a range of walking speeds. J Biomech 2008;41:3243Y52.
[6] McGowan CP, Neptune RR, Kram R: Independent effects of weight and mass on plantar flexor activity during walking: Implications for their contributions to body support and forward propulsion. J Appl Physiol 2008;105:486Y94
[7] Delecluse C, Van Coppenolle H, Willems E, et al: Influence of high-resistance and high-velocity training on sprint performance. Med Sci Sports Exerc 1995;27:1203
[2] Dodd KJ, Taylor NF, Shields N, et al: Progressive resistance training did not improve walking but can improve muscle performance, quality of life and fatigue in adults with multiple sclerosis: A randomized controlled trial. Multiple Sclerosis 2011;17:1362Y74
[3] van de Port IGL, Wood-Dauphinee S, Lindeman E, et al: Effects of exercise training programs on walking competency after stroke: A systematic review. Am J Phys Med Rehabil 2007;86:935Y51
[4] Williams G, Kahn M, Randall A: Strength training for walking in neurologic rehabilitation is not task specific: a focused review. Am J Phys Med Rehabil 2014;93:511Y522.
[5] Liu MQ, Anderson FC, Schwartz MH, et al: Muscle contributions to support and progression over a range of walking speeds. J Biomech 2008;41:3243Y52.
[6] McGowan CP, Neptune RR, Kram R: Independent effects of weight and mass on plantar flexor activity during walking: Implications for their contributions to body support and forward propulsion. J Appl Physiol 2008;105:486Y94
[7] Delecluse C, Van Coppenolle H, Willems E, et al: Influence of high-resistance and high-velocity training on sprint performance. Med Sci Sports Exerc 1995;27:1203