Vu le contexte socio-démographique et socio-économique (l’âge, le statut social, l’alimentation et l’obésité, la consommation excessive de sel et d’alcool, la sédentarité et l’exposition à des facteurs environnementaux divers), l’hypertension va devenir l’un des enjeux majeurs de santé publique pour les prochaines décennies.
Cette pathologie est l’un des pathologies les plus fréquentes en France.
Elle est déclarée chez 16,5% des 20 ans, d’avantage pour les femmes (19 %) que pour les hommes (14 %).
Après 50 ans, le risque d’être touché par la pathologie augmente avec l’âge pour atteindre 41 % des hommes et environ 50% des femmes après 70 ans (Association française des maladies cardiovasculaires).
C’est une pathologie très fréquente et est à l’origine ainsi d’un grand nombre de complications cardio et cérébro-vasculaires.
La prise en charge thérapeutique de l’hypertension artérielle repose principalement sur deux volets : volet pharmacologique (prise des médicaments hypotenseurs) et volet non pharmacologique qui repose sur des mesures d’hygiène de vie associant la diététique et l’activité physique régulière.
Certes, les effets bénéfiques de l’activité physique sur la baisse de tension artérielle (une réduction de la pression artérielle systolique et de la pression artérielle diastolique) et sur les autres facteurs de risque des maladies cardiovasculaire ont été démontrés dans plusieurs études [1].
Cependant, l’effet positif de l’activité physique se heurte toujours à une certaine réticence. Les variations tensionnelles observées lors de l’exercice physique conduisent souvent à une hypotension chronique post exercice [2] ou à une élévation tensionnelle importante [3] qui dépend de la composante plus au moins dynamique des exercices physiques et mettent le malade en danger réel [4].
Donc pour prévenir ce risque et pour garantir un maximum d’efficacité et de sécurité, dans quelle mesure peut-on assurer un bon déroulement de l’exercice physique chez les sujets hypertendus ?
La prévalence des hypertendues pratiquant une activité physique n’est pas connue, mais plusieurs études rapportent une prévalence de l’hypertension artérielle chez les sportifs étant plus faible [5].
Ceci nous amène à penser que l’activité physique peut avoir un effet bénéfique sur l’hypertension artérielle. L’OMS et toutes les sociétés savantes de maladies cardio-vasculaires recommandent l’activité physique comme intervention de première ligne pour traiter les patients hypertendus, en association aux mesures diététiques [1].
Ces variations tensionnelles observées lors de l’exercice physique chez les sujets hypertendus remettent en cause les effets bénéfiques de l’activité physique.
En effet, dans le cas d’un exercice physique d’endurance (dynamique) une baisse de pression artérielle est observée qui contribue à la fin de l’exercice à un effet d’hypotension chronique aiguë [2] et lors d’un d’exercice résisté (statique) également une élévation tensionnelle importante à la fin de l’exercice [3].
Ceci nous amène à penser que la réponse tensionnelle observée lors de l’exercice physique dépendrait des caractéristiques de l’exercice [4].
Donc, dans ce contexte, il est nécessaire de mettre en place une prescription d’activité physique spécifique et adapté à chaque sujet hypertendu selon ses capacités et ses antécédents cardiovasculaires.
En effet un examen clinique réalisé par un médecin est indispensable avant la pratique physique qui nous permet de nous renseigner sur les différents paramètres orthostatique, métabolique et physiologique : bilan cardiaque, bilan lipidique, VO2max, ECG de repos, échocardiographie.
Cet examen permet au sujet avoir l’autorisation de pratiquer telle ou telle activité en fonction de ses paramètres et ses antécédents cardiovasculaires en s’appuyant sur une classification des activités physiques qui a été mise en place par Mitchell et al et actualisée dans les recommandations européennes [1].
Alors, afin de garantir une bonne tolérance des capacités physique du sujet hypertendu et pour favoriser son adhésion au programme d’activité physique, il est intéressant de suivre une démarche de prescription de ces activités qui tient en compte du niveau du risque cardiovasculaire ainsi que du niveau de pratique physique pour aboutir à mis en place d’un programme d’activité physique et sportive sans risque de contraintes et de variations tensionnelles aigues.
Pour conclure, chez un sujet hypertendu, l’activité physique régulière doit être considérée comme une composante à part entière de son traitement.
Elle doit être prescrite et adaptée pour un maximum d’efficacité et de sécurité, on tenant compte du type et du niveau de pratique. Ainsi de mettre en place une meilleure prescription d’un programme d’activités physiques adaptés et convenables dans l’objectif de modifier de façon durable les habitudes de vie et de diminuer le recours au traitement médicamenteux.
Afin d’assurer un bénéfice global sur l’hypertension artérielle et l’ensemble des paramètres de santé.
Références :
[1] Blacher J, Halimi JM, Hanon O, Mourad JJ, Pathak A, Schnebert B, et al. Prise en charge de l’hypertension artérielle de l’adulte. Recommandations2013 de la Société française d’hypertension artérielle. Ann Cardiol Angeiol (Paris) 2013.
[2] Hecksteden A, Grutters T, Meyer T. Association between post exercise hypotension and long-term training-induced blood pressure reduction: apilot study. Clin J Sport Med 2013.
[3] Rezk CC, Marrache RC, Tinucci T, Mion Jr D, Forjaz CL. Post-resistance exercise hypotension, hemodynamics, and heart rate variability: influence of exercise intensity. Eur J Appl Physiol 2006.
[4] Mitchell JH, Haskell WL, Raven PB. Classification of sports. J Am CollCardiol 1994. [5] Williams PT. Lower prevalence of hypertension, hypercholesterolemia, and diabetes in marathoners. Med Sci Sports Exerc 2009.