JOUR 5 : les études supportant le DN sont-elles de bonne facture ?

Toutes mes excuses, aujourd’hui nous commençons cette note par un bel argument d’autorité : Harvie, O’Connell, and Moseley sur le site Body in Mind concluent à propos du dry needling :

« We contend that a far more parsimonious interpretation…is that dry needling is not convincingly superior to sham/control conditions and possibly worse than comparative interventions. At best, the effectiveness of dry needling remains uncertain but, perhaps more likely, dry needling may be ineffective. To base a clinical recommendation for dry needling on such fragile evidence seems rash and risks exposing patients to an unnecessary invasive procedure. »

Nous renvoyons le lecteur à nos deux premières notes (mercredi 23 et jeudi 24 mars) qui montrent comment il est (volontairement) possible d’interpréter des résultats de manière différente (biais d’interprétation) (1, 2).

Cet exemple est-il isolé ? Pas vraiment si on jette un œil à la manière dont sont conçues et interprétées les revues sur le sujet. En voici un autre exemple (3) : dans l’abstract de cette revue, les auteurs émettent une recommandation clinique supportant le dry needling en mentionnant un grade A. En parcourant l’article, on remarque qu’il présente de sévères limitations (taille des échantillons, forte hétérogénéité méthodologique, etc.). La prédominance de petits essais dans une méta analyse a des effets pervers comme l’augmentation du risque de faux positifs et l’exagération des tailles d’effet. De manière générale, on retrouve un effet statistiquement significatif en faveur du dry needling mais seulement à court terme et uniquement pour les études avec de petits échantillons. Face à d’autres interventions, le DN est même moins efficace à court terme. Quoi qu’il en soit, la recommandation de grade A est clairement usurpée !

S’il existe bel et bien quelques études de bonne qualité en faveur du dry needling, elles sont rares (peu répliquées) et contrebalancées par des études de bonne qualité ne retrouvant pas d’effet cliniquement significatif. Si vous trouvez ces arguments « injustes », pourquoi ne pas poster des preuves de haute qualité dans notre rubrique commentaires accompagnées de vos justifications (une référence ne se présente jamais sans un petit texte d’accompagnement)? Nous pourrons alors discuter tous ensemble du design de ces études et de leurs risques de biais potentiels.

A vos claviers amis « dry needlers » !
 

Références

(1) Boyles R, Fowler R, Ramsey D, Burrows E. Effectiveness of trigger point dry needling for multiple body regions: a systematic review. J Man Manip Ther. 2015 Dec;23(5):276-93.

(2) Venere, K., & Ridgeway, K. Trigger point dry needling: the data does not support broad applicability or robust effect. Journal of Manual & Manipulative Therapy, 2016 Feb ; 1-3.

(3) Kietrys DM, Palombaro KM, Azzaretto E, Hubler R, Schaller B, Schlussel JM, Tucker M. Effectiveness of dry needling for upper-quarter myofascial pain: a systematic review and meta-analysis. J Orthop Sports Phys Ther. 2013 Sep;43(9):620-34.