Quels sont les effets cliniques et neuronaux de la thérapie miroir chez des patients AVC chroniques ?
L’équipe de Selles a comparé un traitement par miroir versus pas de traitement. Ils ont mis en évidence une amélioration statistiquement significative de la motricité (évaluée par le test de Fugl-Meyer) juste après le traitement par miroir mais qui disparaît à 6 mois.
A noter que chez des patients AVC en phase chronique, le changement minimum détectable pour la partie membre supérieur du Fugl-Meyer est de 5.2 points [2]. L’effet rapporté dans l’étude est de 3.6 +/- 1.8 points. Donc, l’effet clinique s’il existe pourrait être minime.
Il n’y avait pas d’autres effets retrouvés pour la thérapie miroir que ce soit en termes d’activités ou de participation.
D’un point de vue cérébral, une diminution de l’activité de l’hémisphère non lésé est observée dans le groupe expérimental et pas dans le groupe contrôle.
Lors de mouvements bilatéraux, une augmentation de l’activité du precuneus et du cortex cingulaire postérieur est observée. Ces aires sont liées à l’éveil et l’attention [3].
Beaucoup de questions demeurent sur le mécanisme d’action de la thérapie miroir et sur la façon de faire celle-ci pour les patients.
Quelle modalité d’application de la thérapie miroir serait la plus efficace ?
Ruud Selles et son équipe ont recherché la modalité optimale d’utilisation du miroir [4]. Leur étude a été pré-publiée ce mois-ci.
Ils ont comparé le mouvement du membre parétique sans miroir, du membre sain sans miroir, du membre sain avec miroir, bimanuel avec et sans miroir (Figure n°1).
Le critère de jugement principal était la vitesse de réalisation du mouvement.
Les modalités améliorant le plus la vitesse du mouvement sont l’entraînement du membre parétique sans miroir et du membre sain avec miroir. Ces modalités semblent favoriser l’apprentissage moteur. Aucun effet à moyen ou long terme n’a été recherché.
La modalité bimanuelle est moins efficace.
Cette étude apporte des éléments de réflexion sur la modalité favorisant l’apprentissage moteur notamment l’intérêt d’observer et/ou d’imaginer l’action motrice avant de la réaliser.
Cela reste encore à démontrer.
Quel est le rôle de l’observation motrice lors de la thérapie miroir pour améliorer l’apprentissage moteur après un AVC ?
Harmsen et al. ont comparé une observation motrice vidéo simulant ce qui serait observé avec le miroir à une observation contrôle (Figure n°2) chez des patients AVC.
Les patients ont alterné entre 1 et 3 min d’observations avec entre 20 et 30 répétitions d’un mouvement de pointage avec le membre parétique.
Une diminution statistiquement significative du temps de réalisation du mouvement est observée pour le groupe expérimental (18 %). Une diminution non significative de 9 % est observée dans le groupe contrôle.
L’observation motrice semble contribuer à l’effet du miroir sur l’apprentissage moteur.
Conclusion de Ruud Selles
La littérature indique que la thérapie miroir peut être au moins utilisée en complément de la rééducation des patients AVC"
Références
[2] Wagner JM1, Rhodes JA, Patten C. Reproducibility and minimal detectable change of three-dimensional kinematic analysis of reaching tasks in people with hemiparesis after stroke. Phys Ther. 2008 May;88(5):652-63.
[3] Michielsen ME, Smits M, Ribbers GM, Stam HJ, van der Geest JN, Bussmann JB, Selles RW. The neuronal correlates of mirror therapy: an fMRI study on mirror induced visual illusions in patients with stroke. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2011 Apr;82(4):393-8.
[4] Selles RW, Michielsen ME, Bussmann JB, Stam HJ, Hurkmans HL, Heijnen I, de Groot D, Ribbers GM. Effects of a Mirror-Induced Visual Illusion on a Reaching Task in Stroke Patients: Implications for Mirror Therapy Training. Neurorehabil Neural Repair. 2014 Mar 14. [Epub ahead of print].