En ces temps de confinement, j’ai saisi l’occasion de relayer des articles restés sur ma pile de papier, et qui me semblent pertinents !.. En attendant un message de la réserve sanitaire (c’était une méthode peu habile pour rappeler que ça existe 😉 -EDIT- pour le moment le service est saturé, vous pourrez vous inscrire d’ici 7j) ou une alerte à la kiné respi provenant de l’EHPAD où je me rend régulièrement, et bien on va parler de cervicalgies chroniques !
Blomgren et al nous proposent ici une revue systématique (assortie de quelques éléments de méta-analyse), parue en 2018 dans le BMC musculoskeletal disorders et intitulée : effets de l’entrainement des fléchisseurs cervicaux profonds sur une fonction motrice déficitaire, associée à une cervicalgie chronique : revue systématique.
Vous avez probablement aperçu le titre avant d’arriver ici alors vous avez compris que nous sommes sur le point de parler de muscles cervicaux profonds !
En guise d’introduction, et avant de débuter leur développement méthodologique, Blomgren et al partent du constat que les douleurs cervicales ont un impact sur la motricité, la force, l’endurance, et la stabilité. De même, l’activité à l’EMG) des muscles cervicaux profonds, les amplitudes actives cervicales, le temps de réponse musculaire, la fatigabilité et les co-contractions musculaires, et la trophicité sont globalement affectées lorsque les douleurs cervicales sont chroniques. Grosse modo, tout part en vrille…
La majeur partie du temps, les études se focalisent sur une modification de la douleur. Ici, les auteurs ont choisi de traiter de la fonction mécanique. L’intervention étudiée ici est l’entrainement (faibles charges répétées) des fléchisseurs profonds du cou : le long du cou, et le long de la tête donc vous aurez une vignette juste en dessous :
Pour recruter un peu plus spécifiquement ces deux muscles, il suffirait de demander une flexion cranio-cervicale (parfois appelée flexion cervicale haute) en réduisant la courbure cervicale. l’objectif étant la réduction active de courbure cervicale. (le rentré de menton ou le grandissement étant probablement de bons moyens de l’expliquer au patient)
A savoir que chez les patients cervicalgiques, lorsque l’on demande ce genre de contraction, les études électromyographiques ont montré que ces muscles profonds étaient sous-recrutés au profit de muscles superficiels comme le SCOM et le faisceau antérieur du scalène.
Sur les 1687 articles initialement identifiés pour l’étude, seuls 12 ont été retenus. Et étant donné le nombre de paramètres étudiés (endurance, différents paramètres d’EMG, trophicité, JPS, posture, force etc. ) et bien, ça ne fait à chaque fois qu’une, deux voire trois sources pour alimenter notre réflexion sur chaque paramètre. C’est peu, mais on fera avec.
A l’issue de leur revue, les auteurs indiquent que l’entrainement spécifique des muscles fléchisseurs profonds n’aurait pas ou peu d’effet sur la force musculaire et l’endurance. En revanche, la précision de contraction semble améliorée. Il semblerait que ce genre d’entrainement cervical soit dirigé spécifiquement vers certains types de cervicalgies (whiplash, etc.).
En pratique clinique, lorsque l’objectif est la diminution de la douleur, n’importe quel type d’exercice cervical semble montrer des effets positifs, néanmoins, lorsque le problème à traiter est spécifique et concerne la fonction motrice cervicale, le recours unique à un entraînement des fléchisseurs profonds semble insuffisant pour obtenir une amélioration de la force et de l’endurance, mais adapté lorsque le but est une meilleure performance au JPS (joint position sens test) ou aux tests de contrôle moteur. De manière générale, les auteurs recommandent un programme d’exercice multimodal, incluant le renforcement des fléchisseurs profonds pour traiter les cervicalgies chroniques et la fonction motrice.
Je vous invite à lire la publication originale (en open access en prime ! ) pour plus de détails !
J’ai pas pu résister à l’idée de tester une visualisation 3d des muscles cervicaux (il en manque malheureusement :c )
Allez hop ! Bon confinement, et courage à vous les collègues !
Blomgren, J., Strandell, E., Jull, G., Vikman, I., & Röijezon, U. (2018). Effects of deep cervical flexor training on impaired physiological functions associated with chronic neck pain: a systematic review. BMC Musculoskeletal Disorders, 19(1). doi:10.1186/s12891-018-2324-z