Dans certaines conditions, malgré l’emploi de fortes doses d’opioïdes, le contrôle de la douleur peut s’avérer insuffisant : c’est le cas des patients dépendants aux opioïdes, des toxicomanes, des patients présentant une hyperalgésie induite par les opioïdes (HIO), etc. Les opioïdes agonistes (les agonistes morphiniques purs) n’ont pas de dose maximale (pas d’effet plafond) : la dose appropriée est donc la quantité d’opioïdes qui contrôle le mieux la douleur avec le moins d’effets secondaires. Quand une dose croissante ne permet pas une bonne antalgie, il faut déterminer si ce manque d’effet est lié à une notion de tolérance ou à une HIO. Si la douleur préexistante est sous traitée ou si une tolérance existe alors il convient d’augmenter la dose d’opioïdes pour baisser la douleur (on peut aussi changer d’opioïdes). En revanche, si c’est une OIH, augmenter la dose va engendrer une montée de la douleur. Comme dit précédemment, pour limiter l’escalade du dosage d’opioïdes, des stratégies de traitements combinés doivent être mises en place.
MYTHE 7 : sédation et analgésie sont synonymes
La sédation est l’apaisement au moyen d’un sédatif ; elle s’obtient en utilisant des hypnotiques (benzodiazépine, propofol, kétamine, etc.). L’analgésie est quant à elle obtenue au moyen de dérivés morphiniques (rémifentanil, fentanyl, etc.). Les sur-sédations sont encore fréquentes et peuvent masquer des douleurs non traitées. Les protocoles d’analgo-sédation doivent ainsi répondre à la nécessité de trouver un juste milieu.
MYTHE 8 : les douleurs induites par des procédures de soin peuvent être efficacement prises en charge à la suite de ces interventions
De nombreuses études soulignent l’importance de prendre en charge la douleur avant les interventions techniques (comme la mise en place d’un cathéter artériel, le retrait d’un drain, etc.) pour obtenir les meilleurs résultats en termes d’analgésie après l’intervention. Pourtant, des travaux montrent que l’évaluation de la douleur en pré-intervention est réalisée dans seulement 35% des cas et que 25% des patients reçoivent des antalgiques avant procédure.
MYTHE 9 : les patients âgés expérimentent moins de douleur que les patients plus jeunes
Même si il est possible que les personnes âgées disposent de seuils douloureux légèrement plus hauts, ils semblent avoir une tolérance à la douleur plus basse. Il est actuellement impossible d’affirmer que l’avancée dans l’âge émousse la sensation douloureuse.
MYTHE 10 : le développement d’une douleur chronique est inhabituel chez des patients ayant survécu à un état critique en USI
La chronicisation de la douleur chez les survivants à une condition critique prise en charge en USI est aujourd’hui reconnue comme un problème majeur qui va impacter négativement leur qualité de vie. Des études ont montré un taux de chronicisation plus important dans les populations avec détresse respiratoire aigüe et sepsis sévère par rapport à des populations comparables non prises en charge en USI.
Références