L’étude du jour (3) a cherché à savoir si une suggestion verbale positive pouvait impacter favorablement l’effet nocebo dans des conditions expérimentales de démangeaisons induites électriquement et par ionophorèse histaminique.
129 participants ont pris part à cette étude se déroulant en trois parties :
– Phase 1 : conditionnement IAN (induction d’une attente négative par lumière pourpre + intensité électrique élevée et lumière jaune + intensité électrique moyenne) puis testing (les deux lumières sont associées à des intensités de stimulations électriques moyennes) ;
– Phase 2 : randomisation en 3 groupes : groupe d’induction d’une attente positive IAP (contre-conditionnement avec faible intensité du courant + lumière pourpre puis testing), groupe IAN (similaire à la phase 1), groupe extinction (les deux lumières sont associées à des intensités moyennes) ;
– Phase 3 : testing similaire avec ionophorèse + lumière pourpre.
Dans le recueil des données, les participants remplissaient des questionnaires (allez voir la liste pléthorique dans l’article) pour être certain que leurs caractéristiques psychologiques soient bien comparables. L’intensité de démangeaisons était évaluée par échelle numérique (0-10).
Les suggestions verbales utilisées étaient (dans la langue de Shakespeare) :
– Positive : « The purple/ yellow light will indicate a significant decrease in itch, and the yellow/ purple light will indicate that the itch remains unchanged. »
– Négative : « The purple/ yellow light will indicate a significant increase in itch, and the yellow/purple light will indicate that the itch remains unchanged. »
– Absence de consigne verbale dans le groupe extinction
La phase test de la première partie de l’expérience a montré le succès du conditionnement pour l’obtention d’un effet nocebo (les démangeaisons augmentaient sur présentation de lumière pourpre alors que l’intensité des stimulations électriques étaient moyennes). Cet effet nocebo pouvait être minimisé (et renversé) par contre-conditionnement (suggestion verbale positive). Ces résultats étaient retrouvés dans les deux procédures d’induction de démangeaisons (électrique et chimique). Fait important, ce contre-conditionnement était plus efficace que la simple extinction pour impacter favorablement l’effet nocebo. Ce travail vient s’ajouter à la longue liste de travaux ayant déjà montré l’intérêt du contre-conditionnement dans les domaines touchant notamment aux comportements (ex : modèle peur-évitement).
On a hâte de voir ce paradigme appliqué à la douleur (surtout avec un design permettant d’évaluer l’impact du contre-conditionnement dans le temps). En attendant, il n’est peut-être (j’avoue humblement l’extrapolation…) pas trop tard pour se rattraper d’une boulette explicative qui ait pu faire peur au patient !?!
Référence
(2) Bialosky, J. E., Bishop, M. D., Robinson, M. E., Barabas, J. A., & George, S. Z. (2008). The influence of expectation on spinal manipulation induced hypoalgesia: an experimental study in normal subjects. BMC Musculoskeletal Disorders, 9(1), 19.
(3) Bartels, D. J., van Laarhoven, A. I., Stroo, M., Hijne, K., Peerdeman, K. J., Donders, A. R. T., … & Evers, A. W. (2017). Minimizing nocebo effects by conditioning with verbal suggestion: A randomized clinical trial in healthy humans. PloS one, 12(9), e0182959.