La douleur chronique représente un défi majeur dans l’évolution des techniques en kinésithérapie. Bien souvent victime de notre incompréhension face aux phénomènes douloureux. Bien souvent rebutante, liées à des antécédents complexes, des profils particuliers, ces douleurs sont la bête noire de nombre de confrères. Je ne m’étendrai pas ici sur les coûts sociétaux, psychologiques et financiers de ces conditions.

Mais ce n’est pas une fin en soi. Vaincre ces douleurs représente un tel défi, que lorsqu’il est en passe d’être remporté, la victoire n’en est que plus grande.

Les pistes pour comprendre et traiter ces phénomènes se multiplient.

S. Ferreira et al publiaient ce mois d’Octobre, une étude nommée “Patients with chronic musculoskeletal pain present low level of the knowledge about the neurophysiology of pain”, comprenez : “les patients présentant des douleurs chroniques musculosquelettiques montrent un faible niveau de connaissance de la neurophysiologie de la douleur”.

Si j’ai décidé de porter un intérêt particulier à cette étude, tenant compte du fait que les preuves qu’elle apporte méritent de légères précisions, c’est parce qu’elle illustre selon moi, un lien concret avec notre pratique de terrain.

Faisons un petit tour du propriétaire.
 

cette étude transversale brésilienne vise à évaluer les connaissances en matière de neurophysiologie de la douleur des patients présentant des douleurs chroniques musculosquelettiques.
 

l’étude a regroupé 83 patients, tous atteints de ce type de douleurs, qui ont ensuite été séparés en plusieurs groupes selon si leur douleur était majoritairement causée par des facteurs nociceptifs, neurologiques périphériques ou plutôt à type de sensitisation centrale (la répartition se fait sur des critères standardisés). les patients remplissaient ensuite le « neurophysiology of pain questionnaire » afin d’évaluer leurs connaissances du sujet.

On regrettera l’absence de groupe contrôle “non douloureux chronique” qui nous aurait renseigné un peu plus…

En ce qui concerne l’analyse statistique, l’homogénéité des groupes en ce qui concerne les données démographiques est vérifiée en début de traitement statistique (et ça, c’est bien avec une P value, mais c’est mieux avec une taille d’effet…) rien de bien sorcier, les scores de chaque groupes sont comparés les uns aux autres avec comme indicateur principal une P value.

Alors que voit-on ?

Tout d’abord, les données démographiques mettent en lumière un échantillon majoritairement féminin, de plus de 70 ans, et au niveau socioculturel plus bas (jusqu’ici, il s’agit des facteurs de risques habituels de la douleur chronique. C’est ce qu’on appelle une porte ouverte). Les données des tests établissent tous les groupes comme étant à “faibles connaissances de la neurophysiologie de la douleur” sans qu’un groupe ne montre de variation significative avec un autre. Un échantillon plus large aurait été un atout de choix pour préciser cette donnée, puis une taille d’effet pour en déterminer l’importance.

Pour aller plus loins, les chercheurs ont analysé quels groupes avaient répondu correctement aux différents types de questions. l’idée étant de créer une séparation phénotypique entre les profils douloureux. Pour le moment, un peu tôt pour se prononcer.

En revanche, une telle lecture nous encourage un peu plus à transmettre à nos patients des éléments de compréhension et de langage qui les aideront à sortir du cercle vicieux de la douleur. Nous en parlions il y a quelques temps, le site retrainpain.org est un outils adapté à ce genre de problématique.

C’est sur ce constat que je termine cette brève 😉 
 

Paula S. Ferreira, Leticia A. Corrêa, Juliana V. Bittencourt, Felipe J. J. Reis, Ney Meziat-Filho & Leandro A. C. Nogueira (2019) Patients with chronic musculoskeletal pain present low level of the knowledge about the neurophysiology of pain, European Journal of Physiotherapy, DOI: 10.1080/21679169.2019.1676307

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