Avec toutes les publications qui sortent en permanence, se faire une idée de la qualité des preuves apportées est évidemment incontournable. Cela va de pair avec une connaissance de ce qu’apporte chaque design d’étude scientifique.
Et en la matière, il en existe un paquet !
Aujourd’hui j’ai choisi d’explorer avec vous ce que sont les « narrative reviews », ou revues narratives !
Alors, qu’est ce que c’est ?
Quelle forme ça a ?
Les revues narratives, ce sont des articles qui proposent une vue d’ensemble des connaissances sur un sujet. C’est habituellement une forme de littérature facile à lire et accessible, et proposée par un ou quelques auteurs/experts. On les nomme parfois les « expert reviews » ou les « traditional reviews ».
Les revues narratives n’ont pas de questionnement initial de recherche ou de stratégie de recherche, seulement un objet/sujet, et elles ne sont pas nécessairement soutenues par un protocole standardisé. Jusqu’à il y a peu, elles n’avaient pas de reporting standardisé pour ce type de littérature.
Cette absence de systématisation dans le reporting et la méthode de production de ce genre de synthèse constitue d’ailleurs, l’une de ses plus grosses faiblesses. Ces manques augmentent manifestement le risque de biais dans l’interprétation et les conclusions de l’auteur.
Cela ne signifie pas que les revues narratives ne peuvent être « evidence-based ». En revanche, leur utilité de « preuve » en tant que telle est à relativiser sérieusement.
Ci-dessous, un tableau expliquant les différences fondamentales entre une revue systématique et une revue narrative.
de manière générale, 3 formes de revues narratives sont présentes :
- les « editorials » : Il s’agit généralement d’un court texte proposé par les éditeurs de la revue à propos d’une actualité, ou pour présenter une série de publications.
- les « commentaries » : ce sont des contenus, souvent exprimés en réponse à une autre publication, sans support méthodologique et produits pour mettre en avant des biais importants ou les limites d’une publication, ou sur un thème particulier.
- Les « narrative overviews » : c’est ce que l’on entend le plus souvent quand on parle de revues narratives, c’est la forme qui permet d’explorer un objet de manière globale.
Une standardisation ?
Depuis un bon moment maintenant, des recommandations de reporting et d’élaboration des recherches scientifiques existent. Pour ceux qui nous lisent habituellement, j’en avais par exemple présenté quelques-unes dans des billets de blog sur CONSORT ou PRISMA, deux des plus diffusées à l’échelle mondiale.
Et bien, depuis très peu de temps, il existe aussi des standards scoring pour les revues narratives : le SANRA. le lien vers l’article de présentation de l’instrument est dans les sources de cet article
Voici la grille de synthèse du SANRA :
Des atouts en plus des qualités ?
L’une des limites fondamentales des revues narratives, vous l’aurez compris, c’est qu’il s’agit seulement d’avis d’experts un peu enjolivés dans un corps d’articles. Mais parlons des avantages à présent !
Car oui, j’avoue, j’aime bien ce genre de publication dans certains cas. Lorsque l’auteur est une pointure du domaine, les revues narratives reprennent des éléments très pertinents, et sont parfois l’une des meilleures formes de littérature lorsqu’il s’agit de reconceptualiser une notion. En outre, il s’agit d’un outil pédagogique très efficace étant donné sa simplicité d’accès.
Les revues à comités de lecture influents ont d’ailleurs régulièrement recours à ce genre de publication. Leur nombre élevé au sein de certaines revues soulève parfois des questionnements de chercheurs. De même, ce type de revue évoque largement le paysage encore récent, d’une kinésithérapie où ce type de littérature et ses nombreux biais étaient pratiquement seuls dans le paysage scientifique accessible aux praticiens.
Sources :
- Baethge, C., Goldbeck-Wood, S. & Mertens, S. SANRA—a scale for the quality assessment of narrative review articles. Res Integr Peer Rev 4, 5 (2019). https://doi.org/10.1186/s41073-019-0064-8*
- Byrne JA. Improving the peer review of narrative literature reviews. Res Integr Peer Rev. 2016;1:12. Published 2016 Sep 4. doi:10.1186/s41073-016-0019-2
- Bae JM. Narrative reviews. Epidemiol Health. 2014;36:e2014018. Published 2014 Sep 11. doi:10.4178/epih/e2014018
- https://libguides.mssm.edu/ebm
- Henry BM, Skinningsrud B, Vikse J, Pękala PA, Walocha JA, Loukas M, Tubbs RS, Tomaszewski KA. Systematic reviews versus narrative reviews in clinical anatomy: Methodological approaches in the era of evidence-based anatomy. Clin Anat. 2018 Apr;31(3):364-367. doi: 10.1002/ca.23042. Epub 2018 Jan 25. PMID: 29322553.
- Green BN, Johnson CD, Adams A. Writing narrative literature reviews for peer-reviewed journals: secrets of the trade. J Chiropr Med. 2006;5(3):101-117. doi:10.1016/S0899-3467(07)60142-6
- Thorne, S. (2018), Rediscovering the “Narrative” review. Nurs Inq, 25: e12257. https://doi.org/10.1111/nin.12257
Merci pour cet article.En effet, la RN semble moins scientifique q’une revue de littérature ou une revue systématique.Cependant, elle permet de donner le ton sur une thématique bien sépcifique et semble bien moins lourde à mener qu’une revue de littérature.
A ne pas condamner donc et certainement très utile pour de faire une idée et aller plus loin par la suite.