La mobilisation passive est un acte thérapeutique important dans le traitement des pathologies neurologiques. Elle est souvent ressentie comme utile par les praticiens ou par les patients notamment pour prévenir les déformations articulaires ou diminuer la raideur qui accompagne les contractures. Récemment, Harvey et col., 2009 se sont interrogés sur l’efficacité clinique de la mobilisation passive dans l’entretien articulaire de la cheville chez 20 patients tétraplégiques, distants de leur accident (4 – 14 ans) et sans spasticité importante (Ashworth modifié des fléchisseurs plantaires de la cheville = 1). L’intervention a consisté à mobiliser une cheville durant 20minutes chaque jour, 5jours/semaine pendant 6 mois. L’autre cheville n’était ni mobilisée ni étirée volontairement. La cheville mobilisée était tirée au sort (randomisation) pour chaque sujet. Il a été fixé par les auteurs que le plus petit effet clinique intéressant serait de 5° suggérant qu’une différence inférieure à ce seuil ne permettrait pas de conclure à l’utilité clinique de la technique. Au terme des 6 mois, une différence d’amplitude articulaire de 4° (95% CI : 2-6) a été trouvée. Cette différence était statistiquement significative entre les deux chevilles mais inférieure au 5° suggérant que l’effet de la mobilisation passive de la cheville ne produit pas des effets suffisamment importants. Si cet essai comporte un certain nombre de restrictions (extrapolation à d’autres catégories de patients, effet de la technique au-delà des 6 mois), il permet de s’interroger sur l’utilisation routinière de nos techniques, sur leurs modalités d’exécution et garantit la nécessité de réaliser d’autres études en physiothérapie pour améliorer la qualité des soins que nous délivrons à nos patients.