Le traitement de la lombalgie chronique non spécifique a une efficacité modérée [1]. Ceci est souvent expliqué par la contradiction entre l’hétérogénéité des patients lombalgiques et l’uniformité du traitement.
Des sous-classifications existent afin de mieux cibler le traitement. Elles sont principalement basées sur des analyses biomécaniques [2].
Les données actuelles amènent à repenser la douleur chronique, principalement l’approche mécanique qui en était faite. Une approche neurophysiologique se développe et les dernières données montrent une réorganisation du système nerveux central (SNC) dans la lombalgie chronique. Plus la lombalgie sera ancienne et sévère, plus la réorganisation corticale sera importante.
But de l’étude
Steiger et al. ont évalué les corrélations entre les changements cliniques (douleur, incapacité) et les changements des déficiences (mobilité, force, endurance musculaire) chez les patients lombalgiques chroniques par une revue systématique.
Résultats
18 études incluses (13 essais contrôlés randomisés avec un score PEDro moyen de 5 ; 5 essais cliniques dont la qualité méthodologique a été évaluée par le score de Downs et Black).
La majorité des études sélectionnées ne montre pas de corrélation entre l’évolution de la douleur ou des incapacités ET l’évolution des déficiences.
Quelques rares études montrent de très faibles corrélations. Ces rares corrélations sont souvent contredites par d’autres études.
2 méta-analyses ont pu être réalisées pour évaluer la relation entre la mobilité sagittale et la douleur montrant une absence de corrélation. Il y a cependant une très faible corrélation entre la force des extenseurs du tronc et la douleur. Il faut cependant relativiser cela car les études sont très hétérogènes rendant les résultats peu compatibles et sommables entre les études.
Si une corrélation peut être observée, elle ne sous-entend pas un lien de cause à effet.
Donc si les lombalgiques chroniques ont moins de douleur ou d’incapacités après un programme d’exercices, ce n’est pas nécessairement lié à une action locale. Les mécanismes permettant l’amélioration clinique ne sont pas forcément ce que nous envisagions depuis plusieurs années.
Une explication possible serait un effet au niveau du SNC [3], que ce soit au niveau du schéma corporel altéré, de la moins bonne représentation corticale du dos ou de l’effet psychologique positif des exercices.
Cela pourrait expliquer pourquoi il n’y a pas d’exercice supérieur à un autre [1].
La définition de sous-groupes basés sur des classifications globales et pas uniquement biomécaniques est indispensable pour proposer des traitements ciblés dont l’efficacité sera évaluée. Cette question des classifications fera l’objet d’un article prochainement.
Références :
[1] van Middelkoop M, Rubinstein SM, Verhagen AP, Ostelo RW, Koes BW, van Tulder MW (2010) Exercise therapy for chronic non specific low-back pain. Best Pract Res: Clin Rheumatol 24(2):193–204. Accès payant.
[2] Karayannis NV, Jull GA, Hodges PW. Physiotherapy movement based classification approaches to low back pain: comparison of subgroups through review and developer/expert survey. BMC Musculoskelet Disord. 2012 Feb 20;13:24. Accès gratuit.
[3] Wand BM, Parkitny L, O’Connell NE, Luomajoki H, McAuley JH, Thacker M, Moseley GL (2011) Cortical changes in chronic low back pain: current state of the art and implications for clinical practice. Man Ther 16(1):15–20. Accès payant.
Merci à l’équipe de Body In Mind pour avoir repéré l’article.