Elle applique ensuite ces résultats issus de ses travaux directement aux patients atteints de neuropathies de compression.
Le syndrome du canal carpien (SCC) est le syndrome canalaire le plus commun, il est causé par la compression du nerf médian au niveau du poignet. La description neurologique classique parle de symptômes localisés sur le territoire du nerf médian, alors que jusqu’à 70% des patients atteints de SCC ont des symptômes en dehors du territoire du nerf médian (1).
Un nombre croissant de recherches démontre que les patients ayant un SCC ont une perturbation généralisée de la fonction sensitive (2 et 3).
Cette théorie est basée sur la constatation que les patients souffrant de SCC ressentent des douleurs plus rapidement que les personnes saines lorsque les stimuli thermiques ou mécaniques sont appliquées dans les zones qui ne sont pas liés au nerf médian (par exemple sur le bras et le cou).
Une perturbation généralisée de la fonction somatosensorielle pourrait en effet expliquer la présence de symptômes généralisés. Malheureusement, la plupart des études n’ont jusqu’à présent pas considéré cela comme un point important.
De nombreux patients atteints d’un SCC présentent également des douleurs du cou et/ou au bras. Il reste donc difficile de savoir s’il y existe une altération du seuil de sensibilité douloureuse causée par le SCC, ou si il s’agit simplement d’une co-existence de troubles douloureux au niveau du cou et/ou du bras.
Pour résoudre ce problème, Annina Schmid et son équipe ont étudié si il existait une altération du seuil de sensibilité chez des personnes présentant un SCC sans troubles douloureux du cou et du bras. (4)
Les résultats n’ont pas montré de modification du seuil de sensibilité chez ces patients avec des symptômes localisés uniquement au niveau de la main. Cela suggérerait qu’un syndrome du canal carpien isolé n’interviendrait pas dans les modifications sensorielles en dehors du territoire du nerf médian d’après les tests sensoriels quantitatifs traditionnels (Testing QST).
Cependant les participants avec SCC ont montré des douleurs plus importantes que les personnes en bonne santé lors des tests évaluant les seuils douloureux. Ceci était visible pour le territoire du nerf médian de la main concernée mais également au niveau de cou et de la jambe homo-latérale.
Ces résultats montrent que même s’il n’y pas de différence au niveau des seuils douloureux en utilisant les tests quantitatifs traditionnels, des scores de douleur plus élevés chez les patients avec SCC peuvent évoquer des signes précoces d’une perturbation somato-sensorielle plus généralisée.
(Billet réalisé à partir d’éléments d’un article du blog BodyinMind.org)
Commentaire Actukiné:
Cette étude récente illustre le foisonnement de travaux en cours sur le thème du cerveau comme centre d’intégration des douleurs. Elle montre des phénomènes que nous ne comprenons pas encore très bien, liés à la plasticité cérébrale, qui entrainent une centralisation des douleurs neurologiques classiquement qualifiées de "périphériques".
Ces travaux nous amèneront sûrement à revoir notre grille de lecture, notre façon de classer ces douleurs mais aussi notre stratégie thérapeutique face à ces pathologies.
Combien de séances pour une prise en charge d’un canal carpien dans les référentiels en cours? Pour quels objectifs?
Références