Comment en est-on arrivé là ?
Un jour Pierre Maffei, président du conseil scientifique de la SKR proposa de monter une journée de formation à Marseille. Il réunit alors autour de lui une petite équipe et pour cette deuxième journée le sujet de la bronchiolite était proposé. Les principes furent posés rapidement : pas de polémique, repositionner les bases, envisager l’avenir.
Samedi 26 novembre à Marseille sous un soleil radieux démarrait la deuxième journée de la SKR.
Le titre de cette première partie de journée était : « bronchiolite, savoir intervenir…ou pas ».
 

Devant un public de 150 inscrits tous plus attentifs les uns que les autres, calmes et concentrés, Guy Postiaux fit une présentation précise et argumentée.
Les rappels ordonnés et accessibles d’Ania Carsin remirent chaque notion de physiopathologie à sa place parmi le vaste sujet de la bronchiolite.
 

Le Professeur Jean Christophe Dubus poursuivit par une synthèse honnête et limpide en abordant la question sous l’angle de la vérité.
Puis la brèche s’ouvrit avec Virginie et Stéphane qui vinrent décrire une fiche de bilan qui comportait des red flag, des drapeaux rouges. Ils déclarèrent que l’AFE était mis à l’écart, trop brutale, inefficace. Ils insistèrent sur l’intervention nécessairement juste et sans dommage collatéral du kinésithérapeute auprès d’un nourrisson atteint de bronchiolite. Ils précisèrent aussi comment ne pas intervenir, comment ne pas faire de gestes inutile ou délétère et adresser sans attendre le nourrisson dans un service hospitalier. Une magnifique présentation.

La maltraitance fut évoquée.

Rien n’était encore joué à ce stade des discussions. Mais on sentait que dans le public il se passait quelque chose, que l’on pouvait voir autrement, que l’on devait faire autrement.

Une étincelle vint alors de Louison, emmitouflée dans un épais cache-nez au sommet de l’amphi qui demanda comment faire pour ne pas nuire, comment faire pour que cette technique brutale ne soit pas utilisée.
Sur un autre versant de l’amphithéâtre la région parisienne avec au moins cinq représentants poussait le bouchon et réclamait du changement.

Guy Postiaux soulignait l’existence d’arguments au sujet de la bronchiolite et la nécessité d’avoir davantage de preuves. Jean-Christophe Dubus proposait un démembrement du sujet, une remise à plat.
Il ne restait plus alors qu’à entériner le consensus partagé parmi tous les présents :

« Abandonner l’AFE sur les nourrissons atteints de bronchiolite »

  • Trop brutale
  • Trop de risques
  • Inconfortable
  • Traumatisante
  • Inefficace
  • Trop souvent non indiquée
  • Maltraitance
  • Trop de discrédit abattu sur notre profession
 
  • Pléthore de techniques plus adaptées au nourrisson, à son anatomie, à sa physiologie pour remplacer l’AFE
 

Il est temps de changer de technique, de changer de méthode et de remiser au musée des anciennes méthodes de kinésithérapie respiratoire qui ne sont pas probantes et qui causent plus de dégats qu’elle ne répare. 

Il existe de nombreuses techniques  pour désencombrer un nourrisson de manière sûre et confortable.
 
L’augmentation de flux expiratoire était venue remplacer le clapping. Et il faut se souvenir que ce fut alors un grand soulagement. 
On ne jette la pierre à personne mais il faut savoir tourner une page pour en écrire une autre.
 
Voilà ce qui s’est passé ce samedi 26 novembre en toute fin de matinée.
Difficile de traduire cette ambiance, un public exceptionnel.
 
Tout cela n’est qu’un avis isolé et en effet exceptionnel donc impossible à généraliser à ce stade.
C’est évident.
Prenons-le comme un appel à la réflexion, un commencement.
Souvenez vous ici sur ActuKiné quand nous avions parlé de l’Effet Gold. S’en est un, un avis issu d’un ici et maintenant qui doit passer par une grande chaîne de réflexion professionnelle.

Un grand merci au photographe Quentin Sangline